Mouais, mouais, une sorte de fausse préquelle.


En même temps, toute la série n'a aucun sens, ce n'est qu'un rêve éveillé. Mais bon, je ne comprends pas pourquoi situer cet album avant tous les autres. Certes on y retrouve des créatures, des décors, le tout avec plus de végétation, mais vu que ça ne raconte pas grand chose. Le fait que ce soit muet a peut-être limité l'auteur dans sa narration? Non, je ne crois pas, ses histoires ne nécessitent pas vraiment de dialogues, d'ailleurs Druuna a un fâcheux penchant à radoter malgré son jeune âge.


M'enfin hormis cela, ça reste une BD d'aventure pas déplaisante à suivre, avec quelques conflits, des résolutions souvent faciles, du surréalisme, des influences de sci-fi, d'heroïc fantasy. On pense beaucoup à Moebius durant la lecture. J'ai aussi eu en tête le film "Vinyan" à un moment. Les scènes de sexe ne sont pas très intense, le monde n'est pas très bien développé non plus.


Graphiquement, on sent bien que Serpieri n'a plus la patate d'antan. Ses personnages paraissent parfois figés, ses cadrages ne sont pas toujours intéressants et sa mise en page apparaît plus simple et lisible mais aussi parfois plus paresseuse. Mais bon, il dessine toujours aussi bien les femmes. Et les monstres. Ce qui déçoit, c'est le découpage. On ne ressent jamais la montée érotique comme il le faisait si bien. Peut-être parce que c'est muet ? Non, plutôt parce qu'il n'y a que peu de cases par page et donc chaque scène paraît aller trop vite. Pareil pour l'ambiance glauque : ça se ressent quand on regarde les décors, mais il n'y a pas vraiment de construction autour de ça par le biais d'un découpage réfléchi. Dommage.


Le petit plus de l'album, c'est que Serpieri y a inclus directement ses recherches graphiques. Et quelles recherches ! J'adore contempler les carnets de croquis d'auteurs, parce que souvent ils y font les choses différemment et c'est parfois plus intéressant que ce qu'ils font pour vivre. Voir donc les croquis réalisés d'une main tremblante, avec des doubles traits afin de corriger une posture, un effet brouillard à cause des multiples couches de crayonnés, c'est tout simplement jouissif.


Enfin, il y a une courte histoire de 7 pages inédite en France, réalisée avant que Serpieri ne s'atèle à sa série mythique, mais qui comprend déjà les codes. C'est amusant à lire. Il est dit que c'est très drôle, j'ai trouvé ça correct. C'est plus dans la veine d'un récit de Corben, dont Serpieri est très fan, mais on en retrouve pas vraiment la folie. Mais c'est sympa à lire. Et joli aussi.


Bref, ce tome 0, globalement, est plaisant à lire : on y trouve de beaux dessins (que ce soit dans l'histoire principale, les croquis ou le court récit de fin), des thèmes habituels de l'auteur, un minimalisme plaisant pour ce qui de "Anima", de jolies formes. Dommage que ce ne soit pas plus fou au niveau de la narration.

Fatpooper
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le 1 févr. 2016

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Fatpooper

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