Année Un - Wonder Woman (Rebirth), tome 1 par arnonaud

Greg Rucka reprend en main la destinée de l'héroïne et décide de lui offrir une nouvelle origin story, qui servira de socle aux prochaines années de récits sur l'héroïne.

Après le run d'Azzarello qui décrivait une Wonder Woman très guerrière, et qui changeait pas mal d'éléments de sa mythologie par rapport aux décennies précédentes, Rucka préfère faire un retour au sources, en revenant aux fondamentaux de l'héroïne. Il fait d'elle quelqu'un de pacifique, malgré ses aptitudes bien réelles pour l'action.

Du coup, c'est une origin-story tout ce qui a de plus classique, donc parfaite porte d'entrée pour les nouveaux lecteurs pour découvrir Wonder Woman. Ça reprend beaucoup d'éléments traditionnels des origines de l'héroïne, mais en les actualisant pour que ça se passe à notre époque. Pas de gros bouleversements. Rucka accentue certains éléments, comme le fait de montrer clairement que les amazones sont homosexuelles et que Diana est bi.

Rucka change aussi les choses sur la représentation des dieux, en les faisant apparaître sur terre la majeur partie du temps sous forme d'animaux, conformément à certains mythes antiques, et ne s'adressant aux mortels que très rarement. C'est un parti pris plutôt intéressant et qui permet de rendre les dieux plus mystérieux.

Ceci étant dit, la grosse qualité de cette origin story, c'est aussi de construire tout un supporting cast autour de l'héroïne avec Steve Trevor, mais aussi Etta Candy et surtout l'archéologue Barbara Ann Minerva, amenée à devenir l'ennemie de l'héroïne Cheetah. Rucka en fait un personnage très bien pensé, et le fait qu'elle soit dans cette histoire une proche alliée de Wonder Woman risque de rendre leur relation future très intéressante. C'est un casting classique de persos secondaires de l'univers de l'héroïne, mais qui étaient plutôt absents du run d'Azzarello qui est quasiment la seule histoire de Wonder Woman que j'ai lu, donc j'étais content de découvrir ces persos ici.

Enfin, le récit a l'intérêt de construire un arch-nemesis clair à Wonder Woman dès ces débuts en tant qu'héroïne, ce que n'arrive pas forcément à faire toutes les origin-story (je crois pas que le tome 1 du Earth One de Morrison le fasse par exemple mais je n'en ai que des souvenirs flous) et qui permet de rendre la lecture plus satisfaisante, et de moins avoir l'impression d'avoir lu juste une grosse intro. Le combat final n'est pas fou, il est un peu rushé, mais au moins on a une histoire complète.

Sur la partie artistique, Nicola Scott fait du bon boulot. Pour ma part, j'ai trouvé ça clairement plus beau que son travail sur Earth-2, notamment avec Fajardo jr. à la colo ici qui la met mieux en valeur que ce que pouvait faire Alex Sinclair. Mais ça souffre un peu de la comparaison avec les pages magnifiques qu'avait fait Cliff Chiang sur le personnage (lors du run d'Azzarello, donc). Mention spéciale toutefois au chapitre illustré par Bilquis Evely, qui est très beau. Je n'aurais pas été contre plus de pages dessinées par cette artiste de grand talent. Elle n'est pas encore qu'elle a atteint ensuite sur des titres comme Supergil Woman of Tomorrow mais c'est déjà très agréable à regarder.

En conclusion, c'est une origin-story très classique, qui ne réinvente pas la roue, mais qui se lit tout de même avec plaisir. Ca se concentre surtout sur le fait de poser les bases de la mythologie de l'héroïne avec tout un panel de persos biens présentés et attachants, mais ça pêche un peu plus côté action où, déjà y en a pas énormément, et on a certes des séquences très dramatiques mais elles manquent un peu d'impact parce que ça n'ose pas mettre Wonder Woman en difficulté. Et le combat final est un peu expédié. Ca manque un peu de scènes fortes et vraiment marquantes.

Mais ça reste du solide, un tome très agréable à lire et assez joli. Une bonne porte d'entrée pour découvrir l'héroïne et ses origines.