À juste titre, 『Au cœur de Fukushima』 raconte la vie de son auteur, Kazuto Tatsuta (un pseudonyme) qui travaille comme ouvrier à [ce qu'il reste de] la centrale de Fukushima pour décontaminer le site devenu radioactif. Il y détaille son quotidien et celui des autres ouvriers dans cet environnement craint du monde entier.
Prenant le ton d'un documentaire, le manga fournit une quantité très importante d'informations sur les manœuvres des ouvriers et les détails de leur quotidien ; hélas, cette quantité s'amoncelle en lourdeur conséquente que les honnêtes moments de tranche-de-vie allègent à peine. On jongle entre les dessins et le texte constamment, comme si on lisait une succession de notices d'explications industrielles — impression accentuée par le manque d'ombres et de reflets des dessins qui uniformise les surfaces. Les dessins justement, comme le veut la tradition, sont duals : d'un côté, tout ce qui est "technique" comme les bâtiments ou les combinaisons est très détaillé ; de l'autre, le charadesign est plus simple tout en marquant les traits et les plis. Dommage que les innombrables sourires en triangle donnent un ton publicitaire et faux au récit de Kazuto.
Je ne conseillerais 『Au cœur de Fukushima』 qu'à ceux souhaitant des détails poussés sur la vie d'un ouvrier de décontamination — car c'est de cela qu'il s'agit, avec peu ou prou de prétention artistique. Réussi est toutefois une intention premmière de l'auteur : par son ton, il réussit à alléger le lourd drame de Fukushima et à le rendre plus "accessible", plus *humain*, à ceux ne l'ayant perçu qu'à travers les médias — une certaine prouesse effectivement.