Avec Aux sources du Z, Spirou et Fantasio s’aventurent dans une quête qui promet monts et merveilles, mais livre finalement un terrain vague rempli de trous scénaristiques. Sorti en 2008, cet album marque une tentative de renouveler l’esprit de la série avec Yann, Jean-David Morvan et José-Luis Munuera aux commandes. Malheureusement, l’expédition prend vite des allures de randonnée mal balisée où le lecteur se perd, boussole en main, à chercher ce fameux « Z »… sans le trouver.


Le scénario ? Une intrigue touffue qui veut jouer avec le mystère et l’exotisme, mais qui finit par ressembler à une réunion où tout le monde parle en même temps. Entre les personnages secondaires débarquant comme des pop-ups intempestifs et des rebondissements aussi subtils qu’un klaxon dans un monastère, l’histoire s’embourbe rapidement. On a du mal à retrouver le charme et la fluidité des aventures classiques de Spirou.


Graphiquement, Munuera livre un style moderne et nerveux, qui peut séduire au premier regard. Mais l’esthétique, bien qu’audacieuse, ne parvient pas à masquer les faiblesses du récit. On a l’impression de regarder un film d’action mal monté : ça explose, ça bouge, mais on ne sait jamais vraiment pourquoi. Quant à Spirou et Fantasio, ils semblent un peu perdus dans cet univers saturé, comme s’ils se demandaient ce qu’ils faisaient là.


Et que dire de l’humour ? Jadis une marque de fabrique indissociable de la série, il se fait ici rare et forcé. Les dialogues, parfois lourds, peinent à provoquer autre chose qu’un haussement de sourcils fatigué. Même Spip, habituellement une source fiable de bons mots, semble avoir laissé son mordant à la maison.


Aux sources du Z avait le potentiel d’être une aventure mémorable, mais se perd dans une volonté excessive de modernité et de complexité. Ce n’est pas un naufrage total, mais c’est un album qui manque cruellement de cœur et de cohérence. Une chasse au trésor où le seul trésor semble être… la patience du lecteur. À feuilleter si vous êtes curieux, mais pas à mettre en haut de votre pile de lectures prioritaires.

CinephageAiguise
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le 10 déc. 2024

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