Je ne connaissais pas grand chose de la carrière d'Ava Gardner, icône du cinéma américain de l'après-guerre, reflet miroir en brune de Marilyn Monroe, avant de me plonger dans cette lecture graphique. J'ignorais notamment qu'elle avait été mariée à Frank Sinatra, qu'elle avait un corps aux mensurations dites idéales, qu'elle était portée sur l'alcool et le tabac et sur les hommes aussi, visiblement. Mais est-il réellement possible de connaître une femme dont le métier est de jouer la comédie et d'incarner une image fantasmée d'elle-même ?
Ce que suggère cette bande-dessinée, c'est justement de passer de l'autre côté du miroir, dans l'intimité, la cabine d'avion, la chambre d'hôtel, le taxi d'une superstar hollywoodienne. Deviner derrière le fard la femme qui cherche l'affirmation de soi, la vérité sur le sens de l'existence et la liberté d'être (enfin) elle-même.
J'ai beaucoup apprécié le dessin qui rend bien hommage à cette femme sculpturale aux charmes envoûtants. J'aime toujours quand un dessin est soigné dans une œuvre graphique, c'est mon premier critère, voire le seul, celui qui me permettra ensuite d'apprécier le verbe. Si j'adhère au trait de l'illustrateur, alors le scénariste peut m'entraîner où il veut, comme ici, à Buenos Aires, dans la chaleur des nuits brésiliennes, aux côtés d'une Ava Gardner aussi stupéfiante qu'attachante.
Une chose est sûre, après 24h passées dans ses valises, je me couche moins ignorante et plus intéressée que j'aurais pu le soupçonner.