Ayako
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Ayako

Manga de Osamu Tezuka (1972)

1949, Jiro Tengé, un soldat japonais revenu de sa condition de prisonnier auprès des Américains, revient dans sa famille. Il va s'apercevoir très vite que celle-ci a changé durant son absence et que se sont construit des secrets, notamment auprès d'une fille née durant sa captivité, nommée Ayako...

Œuvre phare d'Osamu Tezuka, Ayako (la série comporte trois volumes) a été écrit durant une époque contestataire pour le Japon, un moment où le doute fut. C'est aussi un saga au long cours (portant sur plus de vingt ans !) sur une famille au départ recluse et vivant autour du père Tengé, un patriarche qui fait vivre tout le monde à la baguette, un homme d'influence qui va vouloir cacher son plus grand secret.
Le récit porte à la fois sur cette jeune fille, Ayako, qu'on va voir évoluer durant cette série, et qui porte en elle une effroyable destinée, que je ne vous révèlerais pas, mais qui condamnerait un être humain un tant soit peu faible, et également sur Jiro Tengé, dont les motivations au sortir de sa captivité son particulièrement troubles.

C'est un manga résolument adulte, aux thèmes parfois assez obscurs pour qui ne connait pas l'époque troublée du Japon après la guerre, sur l'évolution des êtres humains, violemment politique, et au fond terriblement noir.
La violence y est présente sous toutes ses formes, que ce soit des meurtres, des assassinats crapuleux, voir de l'inceste, car il en est question assez souvent, notamment vis-à-vis d'Ayako.

Comme beaucoup de ses œuvres publiées autour des années 70, le sexe y a aussi son importance, et souvent de manière métaphorique, comme un phallus en pierre qui va soulever une femme, ou des personnes qui donnent l'impression de voler, signe de l’unisson et du septième ciel.

Dans cette critique, je préfère être évasif sur l'histoire, qui se révèle au fond assez simple, mais dont les surprises sont nombreuses, et c'est là aussi le génie de Tezuka qui nous accroche constamment à ses personnages, en particulier celui de Jiro Tengé qui va aller très loin dans l'histoire.
La passion cinématographique de l'auteur se retrouve là aussi, aussi bien dans un mot de passe récurrent (vous aimez le cinéma américain ?) que dans ses cadrages. Dans le troisième volume, il y a une scène de 10 pages (4 cases par planche), qui représente un couple qui vient de faire l'amour, et dont un drame va se dérouler. Le point de vue est celui de la chambre, avec seulement les personnages qui bougent. On croirait vraiment lire à ce moment-là le storyboard d'un film tant c'est découpé à la perfection, comme si il y avait une caméra fixe.

Placée sous le signe de la tragédie, et la fin en est une, Ayako est un manga marquant, presque étouffant tellement il est marqué par sa noirceur, et je me répèterais en disant que c'est majeur pour du Tezuka !
Boubakar
9
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le 6 nov. 2014

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Boubakar

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