Alors voilà. D'emblée le titre emballe. "Ballade pour un cercueil". Pan!


Il faut dire que Charlier et Giraud, avec leur série Blueberry, ont le sens du titre qui claque. Celui qui sonne bien. Entre "L'aigle solitaire", "Le spectre aux balles d'or", "Général Tête Jaune" ; et j'en passe, on ne sait plus ou donner de la tête. Mais je m'égare, venons en au fait, à l'histoire proposée ici.


Ballade pour un cercueil est le troisième opus du cycle commencé dans Chihuahua Pearl. La conclusion d'une chasse au trésor improbable en plein territoire mexicain. Déjà, le diptyque La mine de l'allemand perdu/Le spectre aux balles d'or portait sur un sujet similaire et montait la barre très haut, avec son apport de personnages charismatiques dont l'excellent Prosit Luckner et son lot d'expressions plus colorées les unes que les autres (Himmelkreuzsakramment! Donnerweiter!)


Dans ce nouveau cycle, ce ne sont pas les personnages charismatiques qui manquent. Outre le trio formé par Blueberry, Mc Clure et Red Neck, Charlier introduit la séduisante Pearl, l'avide Lopez, le commandant Vigo, le sudiste Trévor, et ressuscite pour notre plus grand plaisir Finlay et Kimball, les "Jayhawkers" rencontrés précédemment dans La piste des Navajos. Les circonstance font que cette ribambelle de protagonistes devront s'associer tour à tour et à contrecœur, pour tenter de mieux se trahir plus tard.


Encore une fois, Charlier nous fait démonstration de l'audace dont Blueberry est capable pour se tirer des situations les plus compliquées, et à ce titre, Ballade pour un cercueil est un des tomes les plus palpitants de la série. On sent également une évolution par rapport au début de la série quant à la bonne morale des différents personnages, qui est de moins en moins palpable : Charlier se détache de l'influence du western traditionnel et se construit son propre univers à lui, dans une vision plus "européenne" des choses. Blueberry, quant à lui, s'affranchit du statut de héros qu'on lui connaissait encore jusqu'à "Général Tête jaune", et même si on ne peux pas à proprement parler d'anti-héros, il est clair que le changement dans son attitude est amorcé.


Côté dessin, on n'est pas en reste. Giraud nous plonge dans son Ouest crade et poussiéreux, façon spaghetti, avec ce trait si virtuose qu'il a commencé à acquérir il y a déjà quelques tomes et qui ne cesse de s'améliorer. Les couleurs utilisées, parfois improbables, ne servent que mieux l'ambiance terne de de cet univers. La dynamique des mouvements est époustouflante, et l'action est tellement bien rendue qu'on a l'impression de voir la scène se dérouler sous nos yeux ébahis. Je pense notamment à l'évasion du siège de la chapelle de Tucson, extrêmement forte en sensations. Le visage de Blueberry devient de plus en plus définitif et perd ses airs de Belmondo au profit d'un visage aux traits durs et marqués par la fatigue, la crasse et l'action.


Ballade pour un cercueil est le point d'orgue et la conclusion (ou presque) du cycle des aventures mexicaines du lieutenant Blueberry, avec une bonne dose de spectaculaire, d'obstacles, d'explosions, et un final angoissant des plus réussi.


J'en ai encore le cœur qui bat la chamade.

KoalaLeNicolas
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le 15 nov. 2014

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KoalaLeNicolas

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