A l’heure actuelle, je dois bien reconnaître que Batman n’est pas mon titre préféré… Tom King a proposé un run long, sans surprise et monotone, James Tynion IV nous a offert du mainstream, et Batman durant Future State c’est très moyen. Je n’ai pas encore attaqué le Batman Infinite. Dans ce marasme, une petite lueur au loin, un phare dans la nuit, le Batman du « Murphyverse ». Avec ce nouveau tome, le quatrième, Sean Murphy nous propose son Batman Beyond.


Dix ans après que Gotham se soit interrogée sur l’efficacité réelle du Chevalier Noir, Derek Powers a pris le contrôle des actifs de la famille Wayne et utilise l’unité anti-terroriste de la ville pour protéger les citoyens… mais à quel prix ? Le justicier de Gotham est toujours en prison et, en son absence, c’est à Terry McGinnis de prendre la relève. Mais dans cette ville futuriste dystopique, seul le vrai Batman est conscient des dangers à venir…

Batman : Beyond the White Knight se place dans le directe continuité des événements survenus dans Batman : Beyond White Knight – Harley Quinn. Dans ce grand retour au scénario et au dessin, Sean Murphy y révèle un Batman faillible, vieillissant et toujours hanté par Jack Napier. Véritable exercice d’anticipation, à l’image de la série animée Batman Beyond dont il s’inspire, ce nouveau chapitre présente une évolution décisive de ce qu’il convient de nommer désormais le Murphyverse.

(Contient les épisodes Batman : Beyond the White Knight #1 à 8, Batman : White Knight Presents – Red Hood #1 et 2)


Dix années se sont donc écoulés depuis les débuts du Batman de Sean Murphy. Gotham a continué sa transformation découlant directement des agissements de Jack Napier. Bruce est en prison, la Bat-family a explosé, les entreprises Wayne ont été récupéré par Derek Powers et le GTO impose une véritable dictature par la violence au sein des rues de Gotham.


Dans ce chaos ambiant et de plus en plus difficile pour les habitants de Gotham, un nouveau Batman apparaît, alors que les masques ne sont pas spécialement bien vus par le GTO et leur chef Dick Grayson. Il faut dire que petit à petit la protection du GTO s’est transformé en répression ultra-violente. Il y a moins de crimes, mais plus de pauvreté, de maltraitance, de misère.


Mais c’est bien l’apparition de ce nouveau Batman, à l’armure jamais vu, et œuvrant avec Powers qui va faire réagir Bruce Wayne et le forcer, enfin, à sortir de derrière les barreaux pour tenter d’empêcher le pire pour ce nouveau Batman. Mais une fois face à ce nouveau venu, les choses vont mal tourner et notre héros vieillissant comprend que des choses terribles se préparent dans l’ombre…


Malheureusement pour lui, ou heureusement, cela dépend d’où on se trouve dans l’histoire, Bruce va se retrouver d’un partenaire qui va particulièrement le pousser à bout. Un duo pour le moins surprenant, un peu laborieusement amené et qui facilite un peu trop les choses.


Plus qu’une intrigue sur le Terry McGinnis de l’univers de Sean Murphy, le travail du scénariste, et l’intérêt de ce tome tournent clairement autour de Bruce et des personnages qui gravitent autour de lui. C’est la Bat-family qui est à l’honneur !


Que ce soit Dick, Barbara, Harley, ses enfants, Duke, Jason ou même le Joker ! Le travail est fait pour permettre à Bruce de tourner la page, d’évoluer, de pardonner même, de se pardonner. C’est un véritable travail de reconstruction que Sean Murphy nous propose ici, après avoir purement et simplement tout fait « exploser » autour de notre héros.


On comprend que cette chute, cette déchéance était sans doute un passage obligé pour Bruce Wayne afin d’enfin tourner la page, et peut-être, sans doute, repartir vers un nouveau Batman, une nouvelle façon d’aborder le masque. A voir dans d’éventuels autres tomes.


J’aime beaucoup ce que Murphy nous propose dans son Murphyverse, que ce soit l’émancipation de Dick, et de son couple avec Barbara, la chute de Bruce, la « victoire » de Jack, le rapprochement avec Harley, que j’adore dans cet univers, avec la grosse surprise de ce tome. Je trouve que cela fonctionne vraiment super bien, peut-être mieux qu’avec Selina.


Maintenant, le cliff de fin, est-ce l’annonce d’un prochain tome ? D’un agrandissement de ce Murphyverse ? J’ai hâte de le découvrir. Peu importe quelle direction cela prend, j’ai surtout hâte de voir l’évolution de tous ces personnages.


Graphiquement, quel plaisir de retrouver Sean Murphy aux crayons ! C’est tellement beau, tellement détaillé, tellement riche ! Le travail sur cette Gotham, sur ce futur, fait froid dans le dos. Les personnages sont charismatiques et tellement crédibles, tellement intenses dans les émotions qu’ils véhiculent, qu’ils dégagent. C’est assez incroyable une telle richesse, une telle beauté.


Bref, un quatrième tome toujours aussi passionnant à lire, à dévorer. J’adore cet univers, j’adore ces personnages, j’adore la vision de Murphy, j’adore idées. Oui, pour la première fois, tout n’est pas parfait, mais on s’en fiche. Ce n’est juste pas parfait, mais cela reste excellent !

Romain_Bouvet
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le 7 juil. 2023

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Romain Bouvet

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