Cocktail de décontraction et d’action, Havana Split narre les mésaventures de John Botia, José et Lily Valdès dans le milieu interlope de la pègre cubaine suite à l’enlèvement d’Arnaldo, patron d’une agence de détective, père de Lily et parieur invétéré, par le mafieux auprès duquel ce dernier a contracté une forte dette de jeu. Contre sa libération, le ravisseur leur demande de kidnapper une actrice et maîtresse d’un parrain de la mafia. Le début d’un polar punchy auquel se mêle le portrait d’un pays aux portes de la révolution et sous influence des États-Unis et de son bras armé, la CIA. Les couleurs chaleureuses de Maggie et le trait humoristique de la dessinatrice Vittoria Macioci laisse penser à une BD destinée à un jeune public. Il n’en est rien : Havana Split comporte quelques réjouissantes explosions de violence qui en font une lecture musclée mais néanmoins acceptable pour les lecteurs adolescents. Quant au scénario signé Brrémaud, ses virages rocambolesques, sa galerie de personnages loufoques et son ton volontairement pulp rappelle lointainement certaines Tarantinades ou les récits d’Elmore Leonard, et cite en interview quelques comédies françaises (Ne nous fâchons pas, Fantasia chez les ploucs). Le scénariste jette dans ce Bienvenue à Cuba - ainsi qu’est sous-titré ce premier tome - les bases d’une intrigue à tiroirs dont on espère qu’il continuera à en tirer profit dans les volumes suivants.