19 années de vie

Ravi en ce jour d'inaugurer la deuxième critique "négative" trouvable sur ce site, et la première réellement à contre courant de la doxa autour de ce manga. Mon expérience de cette oeuvre synthétise tout le changement de mon rapport à l'art de ces deux dernières années. Je l'écris avant tout pour moi, poser mes arguments mais j'aimerai beaucoup avoir des retours dessus, étant donné que ma position me semble originale. Pour comprendre, il faut remonter loin.

J'ai découvers le manga avec dragon ball et GTO en début de primaire, suivi de One Piece très vite, qui deviendra mon oeuvre du coeur, que j'ai relu littéralement + de 50 fois. Même si je n'ai pas été bercé dans cette culture, j'en suis proche depuis mon enfance. Au collège, j'ai pu ouvrir mes horizons grâce au CDI de mon collège très fournit pour l'époque et grâce à Mister enzor dont j'ai suivis assidument la sortie des vidéos. J'ai lu/regardé de nombreuses oeuvres qu'il a conseillé, parmi elles, Bonne nuit punpun. Il avait averti que l'oeuvre n'étant pas grand public, il était préférable d'attendre d'avoir plus de maturité pour s'y frotter. Depuis mes 11 ans, j'attendais donc le jour où je pourrai commencer. J'avais vraiment très hâte de vivre une expérience si forte mais je me retenais. Entre temps, je découvre notamment Gunnm, Monster et Berserk puis plus tard Devilman, Vagabond et Steel ball run qui fu vraiment une consécration dans mon expérience de lecteur, il y a un an et demi. Fondamentalement, j'aime le manga, j'ai fais quelque efforts pour aller plus loin que les grands noms qu'on entend souvent (Oshimi, Taiyō Matsumoto par exemple), j'ai essayé de m'intéresser à ce médium en tant qu'art après l'avoir consommé bêtement pendant longtemps. J'ai pu y trouver des réflexions pertinentes sur d'innombrables sujets (clannad, monster et devilman en tête). ça a été pendant longtemps mon seul rapport à l'art, j'écoute de la musique comme tout le monde sans vraiment être attentif et la peinture, le cinéma ne me parlaient pas du tout. Mais à force de manga, j'ai saturé.

J'ai finis par me dire qu'il devait bien y avoir une raison qui pousse les gens à aimer le cinéma, je me suis forcé à m'y intéresser et vu que le sujet reste BNP je vais abréger mais j'y ai trouvé une nouvelle façon de ressentir les émotions beaucoup plus puissante, plus "noble" (on reviendra sur ça plus tard). Alors je débute le cinéma de manière active, je découvre la philosophie et commence à renouer avec la littérature. Je vis à ce moment la dernière expérience marquante en manga : SBR : du pur divertissement mais j'y retrouve pour moi l'essence de la BD, le dynamisme, l'élan d'excitation que me procurait one piece étant petit. Et après, ce que je lis en manga m'ennuie, je délaisse complétement. J'arrive enfin en fin de classe prépa, je me dis qu'il est peut-être temps de boucler l'arc manga dans ma vie, je devais passer à autre chose mais je voulais si voir si c'était moi qui avait changé où si le manga était intrinsèquement limité. Depuis 7 ans, BNP est devenu bien plus populaire, et fait parti de ces mangas faussement underground qu'on conseille très souvent dès qu'on sort de la sphère strictement mainstream.

Et donc ça commence, dans une mélange de crainte d'être deçu et d'excitation de peut-être vivre une expérience intense, je commence. Je vais pas tant que ça m'attarder sur les événements du manga vu le nombre de gens qui en parlent déjà, mais plutôt faire ressortir ce qui en fait une oeuvre médiocre. Le début sur la petite enfance est très sympa, facile de se reconnaître dans ce personnage, le rêve d'être scientifique est très commun, vouloir mentir pour faire plaisir à une copine, les sorti entre amis, la peur de parler en classe, les questionnements sur le sexe etc, c'est universel, tout est très réaliste dans le décor, donc ça marche. En plus c'est tout migno, même si déjà les problèmes sont très présents et on voit bien que punpun ne sait pas comment se placer sur ça. Autre point que j'ai beaucoup aimé, c'est l'histoire de l'oncle, que j'ai trouvé très touchante. Cette personne parfaitement médiocre et pitoyable en dehors de la famille. Globalement ça partait bien. L'idée de représenter punpun différement selon son état par la suite est assez brillante (la pyramide et le visage à corne de la fin en particulier). Je vois l'idée qu'expliquait enzor : on s'identifie à une histoire qui n'est pas la notre.

Cependant, une fois l'histoire de l'oncle de l'adolescente passée (tome 4 je crois), c'est un désastre. Pour information, avant de me lancer dans punpun, j'ai lu du asano. La fille de la plage et Solanin entre autres (le reste ne m'ayant pas du tout marqué). J'ai adoré la fille de la plage, je trouve ça brillant car même si les personnages sont antipathiques au possible, on ressent profondément le malaise malsain qui règne, ça m'évoque ma vie (dans une certaines mesure). ALors que dans Solanin (un prémice à BNP) rien de ne semble crédible, les dialogues ne font pas vrais, le comportement des personnages non plus, ça ne me transmets rien. Dans BNP, c'est la même chose. C'est un slice of life, il y a donc une volonté naturaliste, de se rapprocher du réel, de parler de ce que les gens vivent. Le comportement de la mère de punpun et surtout celui de sa copine auteur ne me permettent pas de rentrer dans l'oeuvre. Pour les dialogues, c'est peut-être la traduction, mais dans ce cas il n'y a aucun effort pour rendre ces personnage palpables, ils ne sont pas un peu de moi, ils ne me parlent pas (nan sérieux la scène de "dispute" où la meuf part en pleurant c'est juste minable, personne ne fait ni ne parle comme ça). Et vu que je suis censé me projeter dans Punpun et que ce qu'il pense m'est raconté par un narrateur, non seulement ça met une distance supplémentaire mais surtout, on m'impose ce que je dois penser. Ce qui va à l'encontre du principe du character design de Punpun. Et en plus rien n'est subtile à cause de ce moyen d'expression, c'est terrible, c'est juste chiant à lire. En plus tout le délire autour de pégase auquel je n'ai rien compris amplifie encore ça.

Tout ça en fait une lecture très laborieuse, surtout à partir du moment où j'ai conscientisé ce que je viens d'expliquer, je savais que je n'apprécierai pas la suite. Toute la fin (à partir des retrouvailles avec aiko) a été l'occasion d'un espoir, c'est malgré tout un peu interressant de s'intéresser à la vie d'un minable comme punpun, de voir aiko dans un état de detresse vis à vis de sa mère et de la secte. Mais les même problèmes reviennent, ce qui se passe à beau être dramatique, ça ne fait pas vrai, même les scènes censée être dramatiques (la plage, le suicide) m'ont plus fait rire tant ça me parait con. Ya bien le délire entre les deux amis qui s'embrouillent qui m'a paru un poil plus digne d'intérêt et encore (avec le mec qui voit dieu caca). Et la fin n'en parlons pas.

Ce manga me parait donc passer à côté de son but, et ça me tue de le voir autant acclamé, que personne ne le critique alors que ça me semble évident. Mon ressenti est finalement juste morne, j'ai d'autres repères culturels maintenant, ça ne m'a pas tant déçu de ne pas être touché, j'avais déjà abandonné plus ou moins le manga. Viens donc la réflexion suivante : le manga est-il un sous art ?

Et bien je dirai que oui mais pour l'instant j'ai pas la détermination de poursuivre cette critique et d'expliquer ce que je pense, je la reprendrai/l'améliorerai un jour