Ceux qui restent, premier tome des Vieux Fourneaux, c’est comme un bon vin : un peu râpeux au début, mais ça t’attrape le palais avec une saveur piquante et inoubliable. Wilfrid Lupano et Paul Cauuet débarquent avec une bande de papys et mamys qui te rappellent que vieillir, ce n’est pas synonyme de tranquillité. Non, ici, c’est la révolution… version troisième âge.


L’histoire commence avec Antoine, Mimile, et Pierrot, trois vieux potes qui se retrouvent après des années pour les funérailles de Lucette, la femme d’Antoine. Mais au lieu de sombrer dans la nostalgie, ils partent en vadrouille sur un coup de sang d’Antoine, bien décidé à régler un vieux compte. Entre flashbacks sur leurs jeunes années, drames familiaux et coups de gueule contre l’injustice sociale, Lupano te balance une histoire drôle, tendre et terriblement mordante.


Les dialogues sont un régal. Lupano a le don de faire parler ses personnages comme de vrais vieux briscards, avec une langue bien pendue, un humour grinçant et une sagesse déguisée en provocations. Chaque réplique est un petit feu d’artifice, entre piques acérées et vérités touchantes. Ces vieux-là n’ont rien perdu de leur mordant, et ils te le rappellent à chaque page.


Paul Cauuet, de son côté, donne vie à cette bande de retraités indisciplinés avec un trait qui respire l’humanité. Les visages sont expressifs, les décors chaleureux, et chaque détail raconte une histoire. Les scènes de flashback sont particulièrement bien rendues, avec un subtil jeu de lumière qui te plonge directement dans le passé des personnages.


Ce qui frappe, c’est l’équilibre parfait entre comédie et drame. Tu rigoles des aventures improbables de ce trio infernal, mais tu sens aussi le poids des années, des regrets, et des luttes passées. Lupano ne tombe jamais dans le pathos, mais il n’hésite pas à te filer un coup de poing émotionnel quand tu t’y attends le moins.


Si on devait trouver un bémol, ce serait peut-être que l’intrigue principale, bien que solidement ficelée, sert surtout de prétexte à explorer les personnages. Mais franchement, qui s’en plaindrait quand ces vieux-là sont aussi attachants et authentiques ?


En résumé : Ceux qui restent est une pépite qui te fait rire, pleurer, et réfléchir. Lupano et Cauuet rappellent que la vieillesse n’est pas un naufrage, mais une occasion de tout envoyer balader une dernière fois. Un hymne à l’amitié, à la révolte, et à la vie, servi avec un humour irrésistible et une tendresse désarmante.

CinephageAiguise
8

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le 26 nov. 2024

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