Cette critique porte sur les quatre premiers albums de la saga, ceux faisant partie du cycle de la Mère.

Je vais être très franc, ma culture BD étant ce qu'elle est, à savoir quasi-nulle, je ne connaissais pas cette saga avant de me la procurer… et encore, il a fallu attendre une belle promo (sur la version dite de luxe, englobant les neuf premiers tomes ainsi qu'une version traduite en latin du premier) pour que je puisse daigner y jeter un œil dessus et ainsi remarquer les excellents retours.


Quoi qu'il en soit, je ne regrette absolument pas d'avoir commencé la lecture de cette saga. Forcément, j'avais peur que Néron soit dépeint comme l'Empereur fou, qu'on ait droit à une bête retranscription des écrits de Suétone et de Tacite, mais il n'en est rien. Les auteurs ont réussi à prendre le recul nécessaire afin de nous présenter une version hypothétiquement fidèle de l'Empereur… je dis « hypothétiquement » parce que bon, pour rappel, c'est un poil difficile de trouver des sources réellement fiables concernant des événements s'étant déroulé au premier siècle de notre ère. Il y a donc forcément une part d'interprétation, mais aussi de romancé, clairement assumé par les auteurs : ce n'est pas comme si le titre de la saga faisait allusion à un personnage fictif.


D'ailleurs, au sujet du personnage de Murena, aussi paradoxal que cela puisse paraître, pour le moment, il est bien plus en retrait qu'on ne pourrait le croire. Je me doute bien de pourquoi il va être utile pour la suite (ce quatrième tome est probablement celui qui amorce le plus d'éléments qui seront réutilisés plus tard) ; mais pour le moment, si on s'en tient aux quatre premiers tomes, il aurait pu ne pas apparaître que ça n'aurait pas changé grand-chose.

Enfin, concernant le personnage de Néron, il commence lui aussi à prendre son envol à partir de ce quatrième tome justement. Néanmoins, pour le moment, l'excuse comme quoi il serait trop stupide, facilement influençable, bernable, a tendance à revenir un peu trop à mon goût. Aussi, sa fascination pour le feu n'est pas amenée de la plus subtile des manières qui soit.


Concernant les tomes en eux-mêmes, je trouve les trois premiers équivalents et le quatrième en dessous des autres… c'est paradoxalement l'album le mieux noté sur SensCritique à l'heure où j'écris ces lignes. Là où les autres sont toujours sur la ligne concernant le fantaisiste, ce dernier tome ose franchir la limite à plusieurs reprises, notamment lors du combat entre gladiateurs qui ne fonctionne absolument pas. Autre problème, comme sous-entendu plus haut, ce quatrième tome amorce de nombreux éléments, qui seront, je l'espère, exploités au mieux par la suite, mais qui ne le sont pas dans ce tome-ci : principalement le rôle de l'apôtre Pierre et du philtre d'amour de Poppée.

En tous cas, je n'ai absolument rien à reprocher au niveau des dessins. D'habitude, je ne suis pas un fan du parti pris réaliste, je trouve que ça devient très vite dérangeant (une sorte d'uncanny valley de la BD quoi), mais heureusement, Murena s'en tire très bien à ce niveau-là. Seul bémol : les personnages ont tendance à se ressembler. Pour le coup, je pense qu'il est difficile de blâmer les auteurs pour cela, ils auraient pu accentuer la différence physique des personnages, mais l'œuvre aurait perdu en fidélité.


Pour en revenir au scénario, je trouve le rythme un poil trop rapide par moment. Le récit n'arrive indubitablement pas à se poser, à quand bien même on assiste à des ellipses de plusieurs années. Certains passages, certaines morts, auraient gagnés à durer plus longtemps : j'ai eu l'impression à plusieurs reprises que les auteurs voulaient se débarrasser d'une situation ou d'un personnage.

Après, peut-être que le problème vient du format traditionnel franco-belge à 46 pages et que les auteurs ont forcément dû composer avec ça. Manifestement, je trouve que ce format ne sied pas très bien avec ce qu'ils ont à raconter. Reste à voir ce qu'ils en disent : les rares interviews que j'ai vus d'eux concernant les tomes récents, je me les garde pour plus tard.


Enfin, je ne sais pas si cela est dû à la version « de luxe », mais les tomes que j'ai pu lire contiennent un dossier, un glossaire ainsi que des sources ; excepté pour le quatrième qui ne rapporte pas ses sources (sans aucun doute les mêmes que celles des précédents tomes), mais nous confie à la place un commentaire de Michael Green ( « chercheur au King's College et consultant pour le film Gladiator) et de Jean Dufaux, scénariste de l'intégralité des tomes. Quoi qu'il en soit, la présence de ces trois éléments fait forcément plaisir… bon, les dossiers divulgâchent un peu la suite de l'aventure (ça va, on est sûr de l'histoire, pas de la fiction), mais le tout se révèle très intéressant.

Bref, hâte de lire le cycle de l'Épouse, à savoir les quatre prochains tomes de la saga, qui, je m'en doute forcément, va se concentrer sur Poppée et probablement se clore l'incendie de Rome.

MacCAM
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le 12 janv. 2023

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MacCAM

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