Chantages 2
7.3
Chantages 2

BD de Ardem (2012)

La suite du 1er épisode de Chantage est aussi explosive. La 1ère histoire était déjà très crapoteuse. La ligne directrice des bédés d’Ardem est maintenue : des femmes soumises aux caprices les plus humiliants d’hommes imbus de leur pouvoir, jusqu’à l’abjection.


On est tellement loin des Metoo. Autres temps, autres mœurs, ce genre d’histoires serait difficilement éditable aujourd’hui. Si l’on s’arrête à ce préalable, bien évidemment qu’elle pose problème cette bédé : les personnages sont des monstres et les victimes sont impuissantes. L’immoralité sadienne est reine. Pire, les femmes abusées et humiliées finissent par tirer du plaisir de leur position de victime. Mais c’est bien de vexation qu’il s’agit, plus que de souffrances physiques, c’est d’être rabaissées et traitées comme des objets qui donne du plaisir aux femmes d’Ardem, dans un véritable abandon.


C’est peut-être un peu moins vrai du reste sur ce triptyque de Chantage. Quoiqu’il en soit, on n’est pas à proprement parler dans du sado-masochisme traditionnel. Parfois on peut s’en rapprocher, mais jamais Ardem n’y livre ses protagonistes, du moins dans cette série de Chantage.


Le dessin est vraiment très réaliste. Beaucoup plus sûr qu’à ses débuts. J’aime ses personnages. Les femmes y sont très différentes des héroïnes de bédé habituelles aux beautés très prononcées. Les styles sont variés, très recherchés et proches du réel. Plus proches de la voisine de palier que de la top-model. Elles sont belles, pleines de formes, généreuses et pulpeuses.


Chez les hommes, le souci du détail n’est pas le même, me semble-t-il . Ce que Ardem cherche avant tout à mettre en avant dans son trait, ce sont les difformités, les indices protubérants ou boutonneux d’une laideur morale, qui les constituent en quelque sorte et rejaillit sur leur physique. Mais là, il y a de la recherche également avec des typologies masculines diverses.


Reste que les mentalités et les comportements des hommes ne changent guère en leur faveur. Tous les hommes finissent toujours pas être des salops, avec leurs névroses bien degueulasses. Tous sont largement chtarbés.


Le scénario est sur la même trame que celui du premier épisode : une descente en enfer qui n’en finit pas. Alors que le premier tome jouait de l’ambiguïté de Léa, fille d’Héléna, cette aventure repart sur ce même canevas avec Léa, mais dans la deuxième partie, Léa tombe elle aussi complètement dans un cercle vicieux, annonçant un troisième et dernier tome encore plus noir, si c’est possible.


Cette 2e bédé est très intense. La 1ère était surprenante, un véritable choc pour moi. Avec celui-ci, l’effet de surprise semble perdurer. Ce qui n’est pas un mince exploit ! Mais j’ai peine à penser que Ardem puisse maintenir ce degré de violence dans le récit et par conséquent de tension chez le lecteur, sans tomber dans le morbide. C’est déjà assez glauque.


Affaire à suivre. Une histoire à ne pas mettre entre toutes les mains. mes sensibles s’abstenir !


Captures

Alligator
8
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le 3 sept. 2018

Critique lue 313 fois

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