Cornélia est une hors-la-loi sillonnant les plaines de l’Ouest sauvage. Lindbergh, quant à lui, est un homme au foyer fuyant un avenir ennuyeux auprès de sa riche et notable épouse. Leur rencontre n’est que le début d’une grande aventure…
Dans ce western humoristique, les auteurs inversent les rôles : les hommes ont la place des femmes (et les caractéristiques qui leurs sont habituellement attribuées) et les femmes la place des hommes.
Ici, les auteurs ne font pas dans la finesse ou l’humour recherché mais c’est justement ce côté très potache et exagéré qui permet de pointer du doigt de nombreux clichés ou préjugés. Pour moi, ça marche du tonnerre et j’adore cet aspect too much qui ressort de l’album. Ainsi, des comportements qui seraient jugés comme anodins (voire normaux…) de la part de personnages féminins de western (crier en agitant les bras au moindre coup de feu, par exemple) paraît ridicule lorsqu’il émane d’un homme. Une manière intelligente, je trouve, de souligner le fait que finalement, c’est peut-être tout aussi ridicule de la part d’une femme, non ?
Les personnages sont donc ici pétris de stéréotypes : les femmes sont des brutes mal dégrossies ; les hommes des « coqs mouillés » incapable de s’en sortir sans l’aide d’une femme. Nos deux héros principaux sont les seuls à sortir un peu de ces cases étroites ce qui les rend, bien entendu, tout de suite très attachants. Et bien que l’on trouve pas mal de personnages, ils sont tous assez caractérisés pour ne pas perdre le lecteur (surtout les femmes en fait, la plupart des hommes – Lindbergh mis à part – étant surtout ici pour servir d’apparat).
Pour parfaire ce monde très matriarcal, les auteurs ont même pensé à inverser les injures et autres expressions usuelles. Ainsi, on parle de Dieue, Jésuse, hommelette ou de de coqs mouillés. Fort sympathique !
Pour finir, je tiens à souligner encore deux points : le découpage particulier, tout d’abord, puisqu’à la base ce sont des historiettes parues dans le magasine Fluide Glacial qui sont ici réunies en album. Pour autant, malgré un rythme haché et un enchainement de gags un même fil rouge relie chaque histoire ce qui ne coupe pas le déroulé et permet de suivre toute la BD sans problème.
Autre surprise : le graphisme. La très grande majorité des BD estampillées humour ont toutes un graphisme caricatural, exagéré, avec des personnages aux traits forcés et suraccentués. Plus encore lorsqu’il est question d’humour potache. Mais rien de tout cela ici. Le graphisme est époustouflant. Un trait sublime, précis, impeccable, fort de nombreux détails qui offre des planches magnifiques. Le choix d’une colorisation sépia (qui fait très photo d’époque), de son côté, apporte une touche désuète savoureuse.


https://leschroniquesviennentdemars.wordpress.com/2018/06/07/bd-mondo-reverso-tome-1/

DameDePique
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le 7 juin 2018

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