Crève saucisse, c’est un peu comme une charcuterie fine où tu réalises que l’un des ingrédients principaux, c’est la jalousie. Pascal Rabaté et Simon Hureau (alias Simon Hache) te servent une tranche de vie bien épaisse, garnie d’amour vicié, de ressentiment et d’un humour grinçant qui te reste parfois en travers de la gorge.


L’histoire suit un homme, boucher de métier, qui découvre que sa femme le trompe. Plutôt que de faire une scène ou de partir dans une vengeance classique, il mijote une idée bien plus machiavélique. Entre tendresse et amertume, le récit explore les méandres de la jalousie et les travers humains, avec une bonne dose de noirceur. C’est piquant, mais pas toujours digeste.


Côté scénario, Rabaté mélange habilement humour noir et tragédie du quotidien. Les dialogues claquent, les silences parlent, et on sent que l’auteur prend un malin plaisir à nous emmener dans cette descente aux enfers émotionnelle. Mais parfois, l’histoire semble tourner en rond, comme une saucisse trop longtemps sur le gril. Certains passages manquent de relief, et la tension retombe là où elle aurait dû monter.


Visuellement, Simon Hureau livre un dessin à la fois brut et expressif, parfaitement adapté à cette fable acerbe. Les visages des personnages, souvent caricaturaux, traduisent à merveille la mesquinerie, la douleur ou la rage qui les traversent. Les décors, bien que simples, renforcent l’impression d’étouffement et de banalité sordide. Cependant, ce style direct et dépouillé peut dérouter ceux qui s’attendent à des planches plus léchées.


Le vrai point fort de Crève saucisse, c’est son humour noir et sa capacité à mettre à nu les contradictions humaines. Mais cet exercice de style, bien que brillant par moments, donne aussi l’impression de ne pas aller jusqu’au bout de son potentiel. La fin, en particulier, peut laisser une impression de goût inachevé, comme si le plat principal manquait d’assaisonnement.


En résumé : Crève saucisse est une tranche de vie grinçante et bien assaisonnée, mais pas toujours équilibrée. Si tu aimes les histoires d’amour ratées qui se transforment en règlements de comptes teintés de sarcasme, cette BD te plaira. Mais ne t’attends pas à un festin inoubliable : c’est plus un encas épicé qu’un plat étoilé.

CinephageAiguise
6

Créée

le 25 nov. 2024

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