Attrapez-les tous (les démons, pas les Pokémons)

Chronique à lire plus confortablement et avec plein d'extraits : https://branchesculture.com/2024/05/12/damn-them-all-comics-simon-spurrier-charlie-adlard-boom-delcourt-londres-monstres-esprits-ravages-guerres-gangs-noir/

Kill them all, le refrain est connu, au moins depuis le premier album de Metallica... Fuck them all, aussi, avec Mylène Farmer. Pour leur première collaboration, Simon Spurrier et Charlie Adlard vont plus loin et ose: Damn Them All. Une histoire compliquée qui nous lance à la poursuite de 72 démons échappés de l'Ars Goetia. Tous ne sont pas mignons. Pire, certains sont destructeurs et complètement hystériques. Tout un programme... décevant.

Résumé du tome 1 de Damn them all par Delcourt : Ellie "Bloody El" Hawthorne est une anti-héroïne, occultiste, dont les services sont à louer. À la suite de la mort de son oncle, un détective de l'occulte, les 72 démons de l'Ars Goetia sont mystérieusement libérés de leur royaume infernal. Ellie va devoir pourchasser chacun de ces démons et les renvoyer en enfer par tous les moyens nécessaires, que ce soit de l'Eau bénite ou... son bon vieux marteau rouillé !

Depuis la mort d'Alfie Hawthorne, Londres tourne de moins en moins rond. Comme si la disparition de l'occultiste le plus doué de sa génération, mais paradoxalement discret, était un premier pas vers la fin du monde. Quel sortilège a bien pu libérer tous les démons ? On peut se poser la question mais aussi se demander comment les attraper tous (même s'ils sont bien plus offensifs que des Pokémon et qu'il peut vous en coûter la vie!) et s'en servir pour ses intérêts. Toutes les mafias et les magnats sont au taquet, aux aguets, pour s'emparer de ces créatures immortelles et dont certaines sont un poil paumées dans cette prison terrestre.

Entre jeux de rôle et jeux de passe-passe, Londres est transformée, par Simon Spurrier, en jeu d'échecs à ciel ouvert. Au fil des pages et des chapitres, on découvre de nouveaux personnages. Certains se pensent sortis de la cuisse de Jupiter, d'autres le sont de nulle part. Les démons libérés, chacun avec ses propres pouvoirs plus ou moins impitoyables, ont l'art de renverser les situations, même les plus délicates. Du séjour illégal à la tête de la mairie de Londres! Mais ces entités fantastiques et archaïques vont avant tout de pair avec un sacré carnage et un déluge de sang.

Y'en a-t-il trop, ou pas assez? Toujours est-il que la sauce n'a malheureusement pas pris avec moi. C'est un peu moi qui ai eu l'impression d'être possédé dans ce début de série qui passe son temps à blablater et à se croire supérieure aux lecteurs pour peu qu'il se sente concerné. C'est assez énervant et, finalement, pas si badass. C'est surtout d'un ennui si profond que les fins de chapitres peinent à relancer le suspense. Quand on croit qu'une surprise va enfin nous tenir en haleine, c'est les feux de l'amour au pays des démons, des combats entre des êtres mythologiques qui aiment un peu trop à se "la" mesurer. Et Charlie Adlard (The Walking Dead) ne fait pas illusion longtemps avec des effets spéciaux qui deviennent vite lassants. Franchement, ce Londres en état de siège des forces maléfiques, vu la tournure des événements, on n'en a rien à cirer. Infernale déception.

Le tome 2 est prévu pour le 10 juillet.