Dès les premiers succès de la série, le Pamplemousse réfléchissait déjà à une saga qui raconterait le passé de nos cinq héros, avant qu'ils ne forment leur groupe, et avant que l'accident Jovenia se soit produit. Si l'idée n'emballe pas directement l'éditeur, qui craint que Patrick Sobral ne se perde dans les différentes séries et se disperse, Les Légendaires Origines obtient finalement son feu vert, lorsqu'une nouvelle personne est engagée à l'illustration.
Ainsi, cette nouvelle saga est censée retracer les tous débuts de membres du premier groupe. Le premier volume se concentre, de façon aucunement surprenante, sur le leader Danaël.


L'histoire prend place lorsque Danaël est lieutenant des Faucons d'Argent. Notre héros fait à présent partie d'une armée ayant pour but de se battre pour le bien... Malheureusement, Danaël n'est pas satisfait de la vie d'un Faucon d'Argent, qui n'est rien d'autre que de satisfaire les intérêts des dirigeants, sans véritablement sauver les opprimés. Alors qu'il songe à quitter l'armée, les Faucons d'Argent doivent apporter leur aide au prince Halan de Sabledoray, qui souhaiterait que les chevaliers de Larbos escortent sa fiancée Jadina jusqu'à son royaume. Les soldats effectuent alors leur mission, mais hélas, cela n'empêche pas la princesse d'Orchidia d'être finalement enlevée par Raptor l'Ombre Verte, un vilain lézard sous les ordres du terrible Sorcier Noir...


On y découvre donc une partie vraiment intéressante de la vie du leader des Légendaires. On y découvre sa vie de Faucon d'Argent. Il est sympathique de le voir autrement que comme un commandant, de le voir comme un homme entravé par des devoirs. Ce tome s'avère passionnant pour toute personne fan de la saga, car il permet de nous faire pleinement découvrir ce qui a poussé Danaël et Jadina à fonder ensemble le groupe que nous connaissons. La façon dont on aurait pu s'imaginer la fondation de leur groupe est totalement réinventée. En effet, on aurait pu penser que cette union aurait eu lieu après un événement héroïque, se serait construite dans la joie. C'est clairement ce qu'on aurait pu croire après la lecture de Main du Futur. Mais au final, la création de leur groupe s'est bâtie sur une tragédie, et c'est le coeur lourd qu'ils ont décidé de s'enfuir et de créer leur propre groupe. Cela fait voir tout autrement la naissance des Légendaires, et cela donne une dimension plus dramatique à leur désir de sauver autrui. Leur groupe est né car Danaël et Jadina n'ont pas su aider quelqu'un, alors à présent, ils doivent tout faire pour que ces malheurs ne surviennent plus jamais.
Ce tome prend pas mal de petites libertés par rapport à la saga originale. Bien que ce soit voulu par le Pamplemousse afin de renforcer l'histoire, on peut tout de même les considérer comme des incohérences. On y découvre que Danaël a eu une amie d'enfance, appelée Saryn, qui a connu un triste sort à la fin du tome. Il est donc étonnant que lorsque le beau blond se retrouve dans le passé, dans le sixième opus de la saga principale, il ne lui vienne jamais à l'esprit de profiter de l'occasion pour sauver son amie. On y découvre également que Jadina a été escortée par les Faucons d'Argent pour rejoindre Halan à Sabledoray. C'est même de cette façon qu'elle a rencontré son âme-soeur. Il est donc étrange qu'elle se sente obligée de demander ce que sont les Faucons d'Argent dans Le Gardien, et qu'elle ignore que Danaël en a fait partie (incohérence déjà notable dans Coeur du Passé, mais qui n'en devient que plus vraie ici). Le serment que Danaël et Ikaël s'étaient fait dans leur enfance voit sa formulation modifiée, et n'est plus que la devise des Faucons d'Argent (Ou alors il s'agit de deux choses vraiment différentes... Mais dont la formule se ressemble un peu trop, étrangement.) Même des détails tels que la personnalité de Danaël (j'y reviendrai) diffèrent de ce que nous avait présenté Main du Futur. Heureusement, le Pamplemousse a vu juste: dans la majorité, ces différences rendent l'intrigue plus forte, et s'accordent avec le ton plus adulte du tome.
La seule chose que je regrette vraiment dans cet opus, c'est qu'il ne nous donne véritablement qu'une mince partie de la vie de Danaël. Lorsqu'on lit les toutes premières pages du tome, quand le blondinet n'est encore qu'un (vrai) enfant, il y a de quoi vouloir en savoir plus sur la vie qu'il menait à cet âge-là, mais au final on n'en apprend pratiquement rien. Lorsqu'il est adulte, et se dit frustré de sa vie de Faucon d'Argent, je me dis que j'aurais vraiment aimé voir son combat pour intégrer cette armée, et le voir peu à peu sombrer dans la désillusion en découvrant que la vie de Faucon n'est pas ce qu'il croyait. Là, on saute une étape, en passant à la période où il trouve l'armée de son père admirable, à celle où il souhaite la quitter. Dès le premier tome, on fait déjà face à un problème récurrent de la saga Origines: des périodes de durées importantes se retrouvent sans arrêt condensées en un seul tome. Déjà que les tomes de la saga principale ont généralement beaucoup d'événements à faire passer, et ont un rythme plutôt effréné même en deux tomes, alors là c'est forcément encore plus gênant. On nous fait découvrir toute la (vraie) jeunesse de nos héros, sur une durée d'histoire encore plus courte que dans les diptyques. Donc forcément, des périodes véritablement intéressantes de la vie de nos héros sont seulement sous-entendues, alors qu'on aimerait mieux y assister.


Après que la saga principale se soit mise à user d'un ton de plus en plus sombre, cette série dérivée continue sur cette même lancée. Si on a toujours par moments des petites touches de burlesque propres à cette BD, l'ambiance de Danaël est dans la majorité du temps plutôt sinistre. De nombreuses morts ont sans arrêt lieu, que ce soit lors du tout commencement, ou lors de la toute fin. Les discussions entre les personnages traitent dans la grosse majorité de sujets sérieux. Des images assez violentes sont ouvertement montrées (il y a beaucoup de sang, mais surtout beaucoup de squelettes, ce qui est plutôt glauque) et la plupart des événements ont lieu de nuit, ou dans des endroits sombres. A travers tout cela, le premier tome de cette saga préquelle n'est pas le plus léger qui soit. C'est à mes yeux un de ses meilleurs points. Son ambiance plutôt sombre et dérangeante nous fait clairement comprendre à quel point Darkhell a fait connaître de biens sombres années à Alysia.
Malgré tout, il est étonnant de constater que malgré son ton mature, Les Légendaires Origines évoque encore plus souvent que son aîné les clichés romantiques du manga, qui eux, ne sont pas toujours très sérieux.


Que ce soit lorsque Danaël tombe sur Jadina alors que cette dernière est nue, ou quand Saryn force notre héros à l'embrasser, qui sont des situations plus puériles en comparaison avec le reste de l'opus.


Ce n'est pas non plus trop poussé, mais cela peut sembler légèrement forcé.


L'illustration de cette saga dérivée n'est pas effectuée par Patrick Sobral, comme c'est le cas dans la série initiale, mais par la jeune Nadou. Danaël est sa première BD, et cela en rend son travail encore plus époustouflant. Tout est extrêmement bien travaillé, tout est dessiné avec beaucoup de soin et de finesse. Le style de Nadou est bien plus mature que celui du Pamplemousse, mais par le biais du style manga, la jeune dessinatrice parvient à rester fidèle à l'esprit de la série, et contribue à rendre un ton plus mature bienvenu, à cette nouvelle saga. Dès son premier travail, Nadou peut déjà devenir ma dessinatrice de BD préférée, grâce à son style à la fois mignon et mature, extrêmement bien fignolé.


Dans les tomes Origines, il y a toujours chez les personnages un type de relation particulièrement mis en avant, entre le héros principal, et un ou plusieurs autres personnages: dans celui-ci, il s'agit principalement de l'amour non-réciproque.


Le personnage principal est donc, bien entendu, le beau chevalier Danaël. On le retrouve lorsqu'il était jeune adulte et lieutenant des Faucons d'Argent. Il nous apparaît dans ce prequel fort différemment de comment il s'était présenté à nous, dans Main du Futur. C'est sans doute mieux ainsi, car il est fort intéressant dans Danaël. Notre soldat était en fait bien plus sombre dans sa jeunesse. Il apporte quelque fois des petites touches d'humour, qui rappellent le Danaël auquel nous sommes habitués dans la série principale, mais il semble principalement triste et préoccupé. Il ne mène pas la vie à laquelle il a aspiré durant toute son enfance, et ne parvient pas à marcher sur les traces de son défunt père. Mais dans l'ensemble, on retrouve bien le Danaël que l'on connait. Celui qui préfère tout contrôler plutôt que d'obéir aux ordres, celui qui veut bien plaisanter mais tient à considérer la gravité de certaines situations avec sérieux, celui qui tient absolument à ce que la paix et la justice règnent, et puis surtout: celui qui ne sait pas nager. Sa personnalité est donc bien rendue et c'est un plaisir de le revoir, après ce que la saga principale a fait de lui.


On fait la connaissance dans ce préquel d'un tout nouveau personnage: Saryn, l'amie d'enfance de Danaël, et la première femme a avoir intégré les Faucons d'Argent. C'est un peu trop la femme forte par excellence, le genre de personnage auquel j'ai parfois du mal à accrocher, mais je trouve Saryn plutôt attachante, malgré tout. C'est un vrai garçon manqué, qui nous change de la première Jadina et de la deuxième Shimy, qui n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, est amatrice de bière et possède un langage très franc-parler par moments. Bien qu'elle soit une femme forte, l'amie de Danaël n'est pas une personne que l'on pourrait décrire comme étant mature. Elle se comporte beaucoup comme une adolescente qui souhaite constamment faire ses preuves, notamment dans ses disputes avec son père, ou dans ses façons un peu lourdes de draguer Danaël.
La relation qu'ils entretiennent est plutôt mignonne. Saryn entretient pour son ami des sentiments amoureux non-partagés, et cette passion trop forte finit par créer un froid entre eux. Mais on sent que l'amitié que le blondinet ressent pour Saryn est tellement importante qu'il en serait presque prêt à entamer une relation avec elle, simplement pour lui faire plaisir et s'assurer qu'ils restent proches.


Pour notre grand plaisir, Danaël n'est pas le seul Légendaire à faire son apparition: Jadina, qui a fondé le groupe avec lui, est bien entendu, présente elle aussi. Lorsque notre personnage principal, ainsi que nos Faucons d'Argent, font sa connaissance pour la première fois, elle apparait froide et prétentieuse, bien différente de la Jadina du Premier Arc de la saga principale (on ferait davantage le lien avec la seconde Jadina). Mais dès que Saryn fait véritablement connaissance avec la princesse, on retrouve notre chère Légendaire! Elle adore toujours les robes (même quand elle sait qu'elle n'aura jamais l'occasion de les porter), se plait toujours dans le confort du luxe, s'excite facilement et est finalement une personne amicale quand on la connait bien. Et on découvre que tout comme son futur-amoureux, elle a rêvé très tôt à une vie d'héroïsme. J'aime aussi beaucoup Jadina dans ce tome, mais je regrette juste que sa relation avec Danaël et Saryn ne soit finalement pas allée bien loin dans ce tome.


Elle voit rapidement en Saryn une amie... mais elles n'ont qu'une seule véritable discussion dans l'album. Et par conséquent, cela ne parait pas si tragique que ça, que la princesse soit la personne ayant mis un terme à la vie de la jeune femme. De plus, la dauphine d'Orchidia part à la fin avec le Faucon déchu pour fonder les Légendaires... mais là encore, ils n'ont fait que s'aider mutuellement, et aucune véritable amitié n'est encore née entre eux, à ce moment-là.


Malgré que sa présence soit importante, Jadina reste pas mal mise à l'écart dans l'intrigue, et cela ne joue pas trop en la faveur de la construction des personnages.


Le principal antagoniste de l'oeuvre est Raptor l'Ombre Verte, un envoyé de Darkhell pour capturer Jadina. Ce n'est pas le méchant le plus intéressant de la saga. C'est juste un vilain lézard ambitieux, souhaitant dominer Alysia à la place de son supérieur, et avoir Ténébris comme esclave sexuelle (quand je disais que la série s'orientait de moins en moins vers les enfants...). Malgré tout, ses actes sont si violents qu'il semble incroyablement désireux d'obtenir ce qu'il souhaite, et cela le rend dangereux.


C'est principalement lui qui agit, mais les véritables ennemis, ceux derrière tout cela, restent tout de même Darkhell et Ténébris. On n'apprend peu de choses nouvelles sur la fille du Sorcier Noir, qui nous paraît également plus mature et réfléchie, et moins comme un cliché de femme diabolique, en comparaison avec sa toute première apparition dans Main du Futur. Quant à Darkhell, on le découvre enfin véritablement à l'époque où sa domination maléfique était au sommet (cela n'allait pas énormément en profondeur, dans le sixième tome de Les Légendaires), et c'est un homme fatigué que l'on découvre. On réalise plus que jamais son désir d'obtenir la pierre de Jovénia. Et on se rend compte que son désir d'ambition est tel, qu'il est capable de maintenir sous ses ordres des hommes auxquels il n'a pas conscience, tant qu'ils sont assez redoutables pour lui faire obtenir ce qu'il veut.


De nombreux autres personnages se font présents dans ce premier tome Origines. Ikaël fait son retour, et il n'est pas différent de ses habitudes: toujours aussi froid et distant avec Danaël, et n'agissant toujours que comme le voudrait Larbosa, peut importe ce que cela peut impliquer. On découvre qu'il respecte véritablement son cadet, mais à aucun moment, on ne peut penser qu'il lui voue un vrai amour fraternel. On fait la connaissance d'Alghar, père de Saryn et commandant en second des Faucons d'Argent. Il n'a pas une grosse importance dans l'intrigue, mais est plutôt sympathique et amical dans le peu que l'on voit de lui. Nous avons l'immense joie de retrouver le prince Halan de Sabledoray, toujours aussi ridiculement arrogant. Et parmi les personnages que l'on retrouve, il y a également l'étrange femme ayant sauvé les Légendaires dans le douzième tome. Ici, elle agit à nouveau de façon bénéfique, en aidant Danaël.


Elle le pousse d'abord à quitter la vie monotone et frustrante qu'il mène, puis lui sauve la vie à la fin du tome.


Son comportement a donc de quoi perturber davantage. On ne sait pas ce qu'elle souhaite, mais visiblement elle ne souhaite pas que Danaël meurt tout de suite (alors que visiblement, cela lui a apporté du bon qu'il périsse dans Renaissance), et semble être un des éléments ayant poussé notre chevalier à fonder les Légendaires.


Ce tome n'est pas parfait, j'aurais aimé qu'il puisse prendre plus son temps, pour développer les sentiments de Danaël et les relations de Jadina, mais cela reste un excellent tome. Il s'agit d'un très bon commencement pour cette nouvelle saga, ainsi qu'une fort agréable façon de patienter jusqu'à Amour Mortel!

ErizuTeriyaki
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le 31 mai 2017

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