Ce huitième tome, c’est celui où la ligne de flottaison morale prend feu. Là où le récit, jusque-là en équilibre fragile entre idéal et désillusion, bascule dangereusement vers l’irréversible. On sent qu’on atteint le point de non-retour, cette fameuse “bordure du tolérable” où la réflexion devient presque malsaine, parce qu’elle t’oblige à te demander : "et moi, j’irais jusqu’où ?"
L’auteur joue avec nos nerfs et nos convictions. Chaque scène transpire la tension, la tentation de céder à la haine au nom de la justice. On flirte avec le côté obscur, celui qui fascine autant qu’il répugne. Les idéaux s’effritent, les personnages se fissurent, et la frontière entre victime et bourreau devient aussi fine qu’un trait d’encre.
Ce tome, c’est un gouffre psychologique. On n’y cherche plus du tout des réponses, on contemple la chute. Et pourtant, impossible de détourner les yeux. C’est dérangeant, captivant, presque hypnotique. Une plongée dans la logique du fanatisme, mais racontée avec une lucidité désarmante.
Bref, Darwin’s Incident tome 8, c’est la preuve qu’un manga peut encore te faire douter de tout (même de ta propre humanité).