Retour à un format plus traditionnel avec six chapitres courts, mais toujours l’envie de tenir un récit unique à travers



des épisodes aux implications différentes



intégrés dans un ensemble : où est passé Brit ? Qui ou qu’est-ce qui a pris sa place et dans quel but ? Robert Kirkman met momentanément de côté l’évolution du personnage principal pour scruter son entourage et souligner l’affection autant que les intérêts dont le vieux soldat fait l’objet.
Intéressant et plaisant.


Divorce, nouveau départ en solo, famille sous surveillance, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond autour de l’indestructible soldat. L’incommensurable fatigue et le dégoût profond qui terminaient le premier volume voient ici leurs conséquences égratigner les proches du héros. Bientôt, Brit et Donald sont envoyés sur une petite île japonaise pour y contrecarrer les plans de la secte Aum Shinrikyo (responsable de l’attaque du métro de Tokyo au gaz sarin en 1995), qui menace l’humanité avec la dispersion d’un nouveau virus fatal. Surprise qui nous amène la puce à l’oreille :


ce Brit meurt dans la mission… Incroyable pour sa sœur autant que pour le lecteur quand tout le monde semble s’y être résolu.


Robert Kirkman introduit un loup dans la bergerie et place le méchant de l’épisode au cœur des quartiers sécurisés de l’agence :


l’ambition démesuré du responsable de la cellule de recherche l’amène à manipuler sans scrupule tous les employés de son département.


Encore une fois, le récit ne fait pas dans la finesse, les études de caractères sont largement mises de côté, mais ce qui intéresse ici les scénaristes c’est bien de donner corps à un entourage sincère, à un panel d’émotions filiales, amicales et bienveillantes dont bénéficie le soldat tout en développant



les ambitions que son invulnérabilité nourrit



chez ceux qui sont rongés par des rêves de pouvoir.
Dans la ligne des propositions de certains personnages dans le premier volume, mais loin de ce que cela laissait supposer malgré tout.


Si Tony Moore a quitté la série, le travail de Cliff Rathburn reste très appréciable. Un trait toujours sec et cassant, idéal pour le



récit brut et sans emballage,



et qui offre de belles pages pleines, dynamiques et colorées – du vrai comics – et des portraits justes, travaillés et expressifs. Pas de crédit ni de signature quant à qui dessine quoi et les pages d’Andy Kuhn sont difficiles à différencier de celles de son collègue. Pour autant, il semble que le trait soit moins sec, les visages moins équilibrés, plus approximatifs. Un détail dans les feux incessants d’une action pas toujours mesurée, parfois un peu trop grosse pour être crédible, mais le plaisir reste là.


Plus de mystères que de réponses autour de l’entourage de Brit, de sa famille que l’on découvre : une sœur, un frère dans l’ombre.


Qui semble manipuler l’entourage professionnel du soldat.


Robert Kirkman se fait plaisir avec une parenthèse dans l’étude du caractère de son héros à l’apparence monolithique pour explorer la force de l’affection et ce que nous sommes prêts à dépasser pour nous assurer de la santé et du bien-être de nos proches. Surtout, l’auteur et son complice au dessin développent



un vrai méchant, calculateur et patient,



plan machiavélique en tête, prêt à tout pour s’assurer le pouvoir et la mainmise sur l’agence, dans une narration piège, allure incohérente pour compréhension finale des manipulations à l’œuvre.
Un exercice de style qui laisse le spectateur s’embarquer avec plaisir dans de fausses directions pour mieux souligner la volonté inaltérable du soldat et son caractère ferme et droit.

Matthieu_Marsan-Bach
6

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le 17 janv. 2017

Critique lue 173 fois

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