A suivre !
Dans un monde apocalyptique, une jeune femme enceinte est bannie de sa cité fortifiée avec armes et bagages, rejointe peu après par une fillette muette, sortie d’on ne sait où !! Elles se déplacent...
Par
le 17 sept. 2023
« Détour par Epsilon » est la première bande-dessinée d’une jeune autrice, Lolita Couturier. S’inscrivant dans une veine apocalyptique classique (et à la mode), l’ouvrage a su se distinguer par son dessin et quelques caractéristiques narratives. Le fait que la couverture nous présente une femme enceinte armée avec à ses côtés une enfant a tout pour retenir l’attention. Le tout est publié aux Humanoïdes Associés et pèse 168 pages.
L’histoire démarre alors que Tom est mise à la porte de Delta. Pourquoi ? On ne le sait pas. Avec elle, un simple sac de survie et une carte. Et Lélé, une petite fille muette dont elle ne sait rien. Tom va alors chercher à rejoindre Epsilon à travers ses terres que l’on dit dévastées. Elle découvre alors le dehors, elle qui n’a fait que vivre dans la cité Delta.
Un monde postapocalyptique et un lancement dans l’histoire plein de questions. Car des interrogations, le lecteur en a plein : pourquoi a-t-elle été bannie ? De qui est-elle enceinte ? Qui est Lélé ? Qu’est-ce que les cités ? Comment le monde a-t-il été détruit ? Hélas, quasiment aucune réponse ne sera apportée. En voulant préserver le suspense, l’autrice oublie parfois de nourrir son lecteur. À la fin de l’ouvrage, nous n’aurons presque rien appris de plus.
Reste l’aspect survie pour les deux personnages. C’est plutôt réussi avec diverses variations. Alors qu’au début Tom trouve le monde extérieur pas si terrible que ça, ce sont ses rencontres avec les autres humains qui vont mettre sa vie en danger. L’homme est un loup pour l’homme, comme dans beaucoup de récits du genre. Cependant, avec ses personnages originaux (Lélé qui ne parle pas, Vladimir le naïf…), l’histoire se révèle plaisante à lire.
Je vais pouvoir faire mon coup de gueule habituel contre les éditeurs. Ce tome paraît être un one-shot mais ne l’est pas du tout. En fin d’ouvrage, quasiment rien ne nous est révélé, l’histoire n’est pas terminée du tout et la dernière page nous indique un « à suivre ». Nulle part sur la tranche, la couverture ou à l’intérieur du livre il est indiqué que l’ouvrage est le tome 1 d’une série ou d’un diptyque. C’est profondément malhonnête, une façon de tromper le lecteur et ce genre de pratiques ne méritent que le mépris.
Concernant le dessin, Lolita Couturier développe un style moderne très dynamique. On sent des influences manga digérées et réinterprétées. Les poses sont exagérées, les expressions aussi, mais cela fonctionne bien. Son dessin et ses couleurs savent aussi d’adapter aux situations (flashbacks, moments de tension, rêves…) et on a même droit à une vraie scène en pur dessin manga pleine d’à propos. C’est clairement le point fort du bouquin. Graphiquement, que ce soit dans le trait ou dans la mise en scène, l’autrice a du talent.
« Détour par Epsilon », malgré son classicisme a un petit quelque chose qui le distingue. Dommage que le scénario se refuse à nous éclairer davantage. Cumulé avec la déception de voir qu’il faudra (au moins) un tome supplémentaire pour avoir des réponses à nos questions, la lecture se termine avec un goût un peu amer.
Créée
le 22 janv. 2024
Critique lue 2 fois
D'autres avis sur Détour par Epsilon
Dans un monde apocalyptique, une jeune femme enceinte est bannie de sa cité fortifiée avec armes et bagages, rejointe peu après par une fillette muette, sortie d’on ne sait où !! Elles se déplacent...
Par
le 17 sept. 2023
Du même critique
Riad Sattouf a commencé sa carrière de bédéaste en racontant ses jeunes années. Que ce soit son adolescence avec « Le manuel du puceau » ou son enfance avec « Ma circoncision », on a senti dès le...
Par
le 16 oct. 2014
47 j'aime
Avec le scandale de « Petit Paul » et ses accusations d’être un ouvrage pédopornographique, on aurait presque oublié qu’au même moment ou presque Bastien Vivès publiait « Le chemisier ». Ce roman...
Par
le 22 févr. 2019
38 j'aime
Le premier tome de « L’âge d’or » avait impressionné par son dessin, notamment par ses grandes illustrations façon tapisseries médiévales. Racontant un récit initiatique somme toute classique, ce...
Par
le 24 févr. 2021
23 j'aime
1