Lupano et la revisite des genres

Si il y a bien un auteur à suivre dans le monde de la BD ces dernières années, c'est bien Lupano.
Cet auteur ne déçoit jamais, quelque soit le genre auquel il s'attaque. C'est un des rares auteurs à ne pas se cantonner à un genre en particulier et qui parvient toujours à surprendre. Que ce soit du western, du polar, de la critique sociale en passant par la comédie, Lupano fait toujours mouche.
Ici Il s'attaque à la fantasy. Il en garde les codes mais les décortique, les malmène, les prend à contre pied pour faire de sa BD un récit foutrement original et jubilatoire.
On y retrouve des thèmes qui lui sont chers : un anti héro plongé dans une histoire qui le dépasse, un peu à la frères Cohen, une belle critique des croyances, de la société et du pouvoir...
Pistolin un paysan producteur de fromages se retrouve plongé dans une chasse aux mages. Dans sa quête de justice il va rencontrer des personnages classiques du récit fantastique dont une fée alcoolique qui n'est pas sans rappeler la fée clochette de Loisel. Les situations dans lesquels il va se trouver forment un engrenage vicieux qui lui permettront, malgré son incompétence, à progresser dans son entreprise.

Mention spéciale pour le dernier tome qui va encore plus loin dans le détournement du genre et qui propose une fin inédite dans le genre.

Bon je n'ai parlé que de l'écriture et pas du dessin. C'est un peu triste à dire mais dans un Lupano, ce n'est pas ce qui me fait aimer une oeuvre. Je donne quand même un très bon point à Relom, qui a su apporter le trait juste à ce récit. Il emprunte les codes de la fantasy, en les salissant juste ce qu'il faut pour que cela aille dans le sens du récit. Des sales gueules qui collent parfaitement à leur personnages, des lieux à la fois magnifiques et oppressants, le tout en gardant un trait humoristique.

J’attendais l'intégrale pour me délecter de ce récit, mon attente en valait la peine !