Golden Wind - JoJo's Bizarre Adventure, Partie 5 par Ninesisters

Cinquième saison de la série fleuve Jojo’s Bizarre Adventure, Golden Wind fût la première publiée par Tonkam à la suite de l’éditeur J’ai Lu. Celle-ci demande quelques connaissances de base sur le pouvoir Stand, les Flèches, Dio Brando, et la généalogie de la famille Joestar ; rien qu’il ne soit impossible de trouver sur internet – sans compter que l’édition de Tonkam donne de nombreuses explications sur les saisons précédentes – mais cela pourra rebuter au premier abord les lecteurs néophytes et mal préparés ; Golden Wind n’est malheureusement pas aussi accessible que Phantoom Blood (saison 1), Stardust Crusaders (saison 3), ou Steel Ball Run (saison 7), même si passés les deux premiers tomes, la série se désolidarise complètement de toutes les histoires entre les Joestar et les héritiers de Dio.

Golden Wind se distingue de ses prédécesseurs, puisque pour la première fois, le héros n’est pas un descendant de Jonathan Joestar. Mais cela n’a que peu d’importance, dans la mesure où Giorno lui-même ne s’intéresse pas à son héritage, et n’en a même pas conscience ; la présence de Koichi et Jotaro au début ne sert qu’à créer un lien entre cette série et l’univers Jojo’s Bizarre Adventure, et à expliquer pourquoi le personnage principal possède un pouvoir Stand.
L’histoire se focalise sur les aventures de Giorno et de son groupe au sein d’une organisation mafieuse, leur but étant de monter les échelons suffisamment rapidement pour découvrir qui se cache derrière la mystérieuse figure du « Boss », afin de prendre sa place. Pour cela, ils devront conduire auprès de ce fameux Boss sa fille, Trish ; mais celle-ci est l’objet de la convoitise de nombreux manieurs de Stand au sein de l’organisation, qui eux-aussi en ont après l’identité de leur chef.

Giorno et ses amis se présentent comme des voyous au grand cœur, malmenés par la vie avant de rejoindre l’organisation, mais qui n’arrivent pas à accepter certaines de ses facettes (à commencer par le trafic de drogue). Giorno, surtout, possède un sens éthique vicié, puisque la seule figure positive qu’il retient de son enfance est celle d’un mafieux, devenu par la force des choses un symbole du Bien auquel il souhaite ressembler.
La série se déroule entièrement en Italie, ce qui peut étonner pour un shônen porté sur l’action (même si Phantom Blood se passait en Angleterre à l’époque victorienne). Cet exotisme aide à donner une identité unique au titre, puisque les personnages se déplacent à travers tout le pays – de Venise à Capri en passant par Naples et la Sardaigne – et qu’ils portent des noms à consonance transalpine. Néanmoins, ces-derniers paraitront ridicules à ceux qui sauront les traduire en Français, puisque beaucoup portent des noms de nourriture, comme Risotto… Les Stands, quant à eux, ont été nommés selon des groupes de musique ou des albums mythiques, comme Green Day, Oasis, Spice Girl, Rolling Stones, etc…

Si les deux premiers tomes possèdent une rare intensité, montrant un personnage de Giorno Giovana charismatique mais en proie au doute en raison de son étrange pouvoir, la suite part dans un déroulement des plus classiques : nos héros vont devoir aller d’un point à l’autre de l’Italie, mais à chaque déplacement tomberont sur de nouveaux manieurs de Stand à affronter et à vaincre. Jusqu’à la première apparition du Boss, l’ensemble parait assez basique, surtout axé sur des confrontations qui durent en moyenne 6 ou 7 chapitres.
L’intérêt de Golden Wind réside alors dans la qualité de ses affrontements. Ils doivent beaucoup à la capacité du mangaka à inventer des pouvoirs Stand toujours plus imaginatifs et variés, plus ou moins puissants, plus ou moins ridicules, et soumis à des conditions bien particulières ; ces pouvoirs ne sont pas sans rappeler ceux de Hunter x Hunter, qui là encore possédent une grande diversité. Chaque Stand étant unique, cela donne lieu à des combats forcément uniques ; d’autant plus quand certains adversaires attaquent à plusieurs et combinent leurs talents. Hirohiko Araki écrivant du shônen d’action depuis une dizaine d’années lorsqu’il commence Golden Wind, il possède une solide expérience concernant le déroulement des combats et leur mise en scène, ce qui se ressent.

Par rapport à leurs Stands, les personnages eux-mêmes semblent plus fades, du moins Giorno et ses compagnons (ce qui est étonnant compte-tenu du charisme dont ce-dernier fait preuve au début). C’est moins le cas pour leurs antagonistes, qui pourront se révéler complètement déjantés, psychologiques instables, en tout cas toujours dangereux. Là où ils se rejoignent, c’est dans leurs goûts vestimentaires plus que douteux, une constante chez ce mangaka ; au moins, impossible de confondre deux de ses personnages, dont certains semblent échappés de la Gay Pride. Et encore, nous ne retrouvons pas les mêmes montagnes de muscles que dans Phantoom Blood ou Stardust Crusaders.
Golden Wind n’a pas la réputation d’être la meilleure « aventure bizarre », probablement en raison de son schéma répétitif et d’une brochette de héros dont, dans le fond, nous nous fichons un peu… Il y a aussi cette déception, de trouver un manga relativement plat après un début pourtant explosif. Pourtant, il s’agit d’un shônen d’action efficace, dont j’ai lu certaines parties avec une frénésie rare. Golden Wind est un manga rythmé, aux combats réussis, et qui doit énormément au sens artistique débridé de son auteur, ainsi qu’à sa capacité à produire des antagonistes stylés aux pouvoirs originaux. Le résultat n’est peut-être pas aussi incroyable que ce nous pouvons attendre de Jojo’s Bizarre Adventure, compte-tenu de la réputation de ce monstre sacré, mais il offre un authentique plaisir de lecture.
Un titre forcément indispensable car tiré d’une série elle-même indispensable.
Ninesisters
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste [collection] Manga : Delcourt Tonkam

Créée

le 8 févr. 2013

Critique lue 2.8K fois

11 j'aime

3 commentaires

Ninesisters

Écrit par

Critique lue 2.8K fois

11
3

D'autres avis sur Golden Wind - JoJo's Bizarre Adventure, Partie 5

Du même critique

Evangelion 3.0 : You Can (Not) Redo
Ninesisters
10

La prochaine fois, j'enlève le bas !

Si je suis légèrement moins emballé que pour les deux premiers opus, je trouve quand même qu’il s’agit pour l’instant du meilleur de la saga. Paradoxe ? Incohérence ? Disons que mon impression est à...

le 30 avr. 2013

43 j'aime

Hellsing Ultimate
Ninesisters
9

Critique de Hellsing Ultimate par Ninesisters

Kôta Hirano est un mangaka plus connu pour la qualité de ses boucheries, enfin de ses manga, que pour son rythme de publication. Ainsi, après le succès d’un premier anime qui ne reprenait finalement...

le 13 mars 2013

38 j'aime

1