Soyons clairs ! Le premier tome de Gotham Central a été une surprenante révélation, un véritable petit bijou. De par son idée de départ, de par ses personnages tellement, et simplement, humains, de par ses histoires prenantes, de par son ambiance digne des plus grands polars.
D’ailleurs, si j’avais à faire une wish list de Noël avec les meilleurs ouvrages de cette année 2014, Gotham Central trônerait sans aucun doute dans les premières places, si ce n’est la première, tant cela m’a marqué.
Nous suivons donc le destin de policiers du commissariat central de Gotham. Des hommes comme vous et moi se battant contre des monstres comme Double-Face ou le Joker !

En pleine période de Noël, le Joker lance un défi insurmontable à la police de Gotham : après avoir placé des caméras à différents endroits de la ville, il menace d’abattre des victimes anonymes. De son côté, le policier destitué Harvey Bullock mène une dernière enquête. (Gotham Central #11-22)

On ne change pas de principe quand il est bon, ce deuxième tome de Gotham Central se divise sous forme d’affaires, quatre pour être précis. Et à chacune de ces affaires, nous avons le droit à des policiers différents, Ed Brubaker et Greg Rucka ayant la bonne idée de faire tourner leur imposant effectif afin de faire vivre le commissariat et ses acteurs et ainsi pouvoir nous faire entrer dans leurs vies. Histoire que l’on s’attache un peu plus à eux, et ainsi déclencher toujours plus d’empathie pour ces héros.

Après l’excellente mise en lumière de l’agent Montoya, c’est au tour d’Harvey Bullock d’avoir le droit à sa petite affaire. Oui, je vous vois venir, Harvey Bullock n’est plus policier, mais une vieille affaire jamais résolu, va ressortir, avec de nouveaux éléments, dont un certain Jervis Tetch. L’occasion de voir que s’il ne regrette pas ses actes, ou du moins les assume à sa manière, il ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine aigreur à l’égard de ses anciens collègues qui lui ont tous tourné le dos.
Marcus Driver et Josie McDonald doivent manœuvre habillement afin de non seulement pouvoir échanger avec le Chapelier Fou, mais aussi faire avec le caractère bouillant et l’alcoolisme de Bullock. Une affaire dure basée sur un viol et sur les drames que peuvent engendrer les non-dits.
Mais cela n’est que la dernière affaire de cet imposant volume de presque trois cents pages.

La première affaire, ne dure le temps que d’un chapitre et voit Stacy, la jeune femme qui a la charge d’allumer le bat-signal, écrire une lettre à une amie. Cela nous permet de plonger au cœur du microcosme qu’est le commissariat de Gotham, de voir ces hommes et ces femmes de loi interagir les uns avec les autres, de voir les bonnes relations, les blagues, les tensions qu’il peut y avoir entre collègue de boulot. L’occasion surtout de voir qu’il s’agit bien de femmes et d’hommes comme nous avec les mêmes préoccupations hors du boulot. Et heureusement, car on pourrait se demander, sans cela, comment ils feraient pour tenir, pour décompresser, face aux horreurs qu’ils ne cessent de voir.

Dans « Cibles Mouvantes », les inspecteurs des Crimes Majeurs se retrouvent opposés à un Joker qui se transforme en sniper fou, et faisant un véritable carnage dans les hautes sphères politiques de Gotham. Et c’est dans ce genre d’enquêtes, que Gotham Central montre toute sa génialité ! Voir de simples policier tenir tête au Joker, sans l’aide de Batman, les voir ne pas se dégonfler et prendre leur courage à deux mains pour accomplir leur mission de protection de la population, c’est quelque chose de fort. Et d’intense, grâce au formidable travail de Rucka et Brubaker pour nous rendre ces hommes et ces femmes policiers si attachants. On tremble pour eux, on a peur pour eux. Surtout lorsqu’on voit le carnage que fait le Joker dans le commissariat !
Cette affaire pointe une nouvelle fois du doigt la façon, pas forcément optimiste, dont les policiers voient les agissements de Batman, et beaucoup tiennent pour responsable le héros, des agissements de tous ces tordus. Ils ont l’impression de n’être que des dégâts collatéraux dans sa quête vengeresse.

Dans la troisième partie, la troisième affaire, les inspecteurs Dagmar Procjnow et Tommy Burke travaillent sur une « simple » histoire de meurtre, sans super-méchants, sans tête d’affiche. Une simple enquête policière comme on pourrait en voir dans le Mentalist, et tout aussi passionnante à suivre. Déjà de par le travail sur les personnages, comme j’en ai déjà parlé, et de par la qualité du rendu des enquêtes. C’est crédible, presque réel, on a vraiment l’impression d’assister à une enquête policière. On sent que les deux scénaristes ont travaillé en amont afin de nous offrir un univers, certes noir et sombre, mais imprégné de réalisme et de réactions de flics. Et cela passe aussi par la qualité des dialogues, donnant encore plus de poids et de force aux histoires et aux enquêtes.

Michael Lark n’est plus le seul dessinateur aux crédits de ce second tome, aidé par Brian Hurtt, Gregg Scott et Stefano Gaudiano. Même s’il fournit le plus gros du travail.
Comme pour le premier tome, il nous offre un travail admirable, quasiment exempt de défaut ! Arrivant à merveille à nous dépeindre cette ambiance policière sombre et noir, limite oppressante, tout en mettant en avant les émotions de ses personnages.
La présence des autres dessinateurs n’est absolument pas gênante, nous sentons en effet à quel point ils ont fait en sorte de se mettre au diapason avec le travail admirable de Lark pour rester dans la même ligne directrice graphique.
Le tout merveilleusement mis en couleur par Lee Loughridge encore une fois.

Bref, Gotham Central continu son sans faute avec ce deuxième tome ! Une ambiance oppressante, quasi réaliste et incroyablement prenante, des personnages auxquels on s’est tout de suite attaché et qui provoquent beaucoup d’empathie, des enquêtes qui prennent aux tripes. Gotham Central est une série bien loin de ce que l’on peut voir habituellement, sans super-slips, juste des hommes et des femmes, dans des histoires, des enquêtes d’une grande qualité, d’une grande intelligence, d’une grande richesse.
Romain_Bouvet
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le 5 déc. 2014

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Romain Bouvet

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