Le monde se divise en 2 categories : Ceux qui ont le flingue chargé et ceux qui crevent...

Nous voilà donc en présence d'un manga. et là vous allez me dire "Ouais mais 't'façon les mangas, y'en a 150 000 avec des milliards de sujets, j'vois pas l’intérêt de parler de l'un d'eux...", et c'est à ce moment là que Green Blood arrive, te fout une patate dans la tronche, et te shoote dans le bide pendant que t'es à terre tout en te traitant de sale hérétique bouffeur de merde et en crachant sur ta sale gueule pour te punir de tes affabulations !!!
Pourquoi me direz vous ? Et bien tout simplement parce que WESTERN, bitch ! Car oui, en effet, le manga ci-présenté est un réel Western, avec fusillades, personnages charismatiques, chevauchées dans le désert et tout le bordel propre au genre.


Ce qui est important de noter de prime abord dans ce manga, c'est le duo de protagonistes que forment Brad et Luck Burns, frangins aussi opposés que le jour et la nuit, le premier étant tueur à gages pour le compte d'un gang de Five Points, ghetto à ciel ouvert de New-York à la fin du XIXeme siècle, d'un naturel froid et impitoyable, le second étant un jeune homme honnête, bon samaritain, travailleur et toujours positif, bref, la seule vraie lumière qui brille dans les ténèbres de Five Points; une paire de héros assez étoffée, donc. Les autres personnages ne sont pas en reste, et même si certains sont des archétypes assez faciles à repérer (le chef de gangs ultra coincé et impassible, le love-interrest au grand cœur, le gosse de riche taré, le bandit impitoyable, etc...) dans ce récit ils s’avèrent redoutablement efficaces car ayant tous un role à jouer dans ce manga.
Le plus interressant de ces persos est sans doute Brad, le heros, un putain d'assassin avec un putain de regard perçant à en faire fuir un demon, le genre de bad-ass à se friter avec 15 mecs en même temps en pleine guerre de gangs tout en s'etant déjà pris 3 blessures au bide auparavant ! Tout le contraire de son frer Luke, qui est plus niais, justicier et idéaliste, mais qu'il cherche malgré tout à proteger jusqu'au bout car il est le seul à lui apporter un peu de lumiere dans ce monde de merde ! L'auteur met enormement l'accent sur la relation fraternelle entre les 2 protagonistes, une relation souvent mise à rude epreuve par les colts et le sang.
On distingue egalement un autre theme recurrent de l'auteur, c'est à dire les lieux sales, decrepis, limites infernaux : Dans Rainbow, tout le lieu de l'action est une prison post-Hiroshima, dans Hideout, c'est un bunker abandoné de la seconde guerre mondiale, dans Bestiarius, c'est une arene romaine, bref, vous aurez compris l'idée. Içi, l'univers décadent c'est l'Amerique pré-Guerre de Secession, à l'epoque des cow-boys et des indiens, un univers cher aux grands noms du Western spaghetti, comme Sergio Leone. L'epoque où c'etait celui qui avait le flingue qui faisait la loi, où si tu tire pas assez vite, t'es mort ! L'auteur arrive à depeindre à la perfection cette epoque où seule la loi du plus fort regnait, sans jamais la magnifier ou faire dans le miserabilisme facile, et ça c'est fort.
C'est dans ce genre de decors, de lieux sales et crasseux, que les relations entre les protagonistes de Kakizaki sont le plus mises à l'epreuve, içi, c'est toute la relation Brad-Luke qui prend cher, et le pauvre Luke, tout innocent qu'il est, ne restera pas longtemps candide face à la violence du monde.
C'est beau, c'est bien écrit tout en sachant rester fun, c'est bien !


Aborder ici le scenario serait un peu casse-gueule, le manga ne faisant que 5 tomes il est très facile de spoiler, sans compter qu'en cours de route, un retournement de situation va changer l'enjeu principal de l'histoire, enjeu que je vous laisserais découvrir par vous mêmes. On decouvre malgré tout à travers ce scenario tout l'amour que porte Kakizaki aux Westen : Ce manga multiplie les clichés propres à ce genre à la vitesse d'une balle de revolver, t'en prends plein les yeux du debut à la fin, certains diront qu'une telle abondance de clichés doit temoigner d'un manque de créativité de la part de l'auteur, et moi je dis bullshit, car oui quelle meilleure façon de rendre hommage à tout un genre qu'on aime si ce n'est en reprenant tous les cliché (surtout pour un genre aussi codifié que le Western) ! La fin est tout de même assez facile à deviner même si elle reste assez belle, en un sens.


Toutefois, un point qu'il me semble essentiel d’évoquer, c'est le dessin ! Et quel dessin !!! Pour ceux qui ne le connaitraient pas, Masasumi Kakizaki est le dessinateur connu et reconnu pour Rainbow et Hideout (à lire absolument, bande de frileux !) ! Et pour Green Blood, imagine la même chose, mais en mieux ! Sans déconner, Kakizaki est l'un des mangakas que j'admire le plus niveau dessin, avec Kentaro Miura, c'est tout simplement splendide, que ce soit les décors, les expressions des visages, les bastons ou l'ambiance générale, c'est un putain de boulot de maitre, c'est tellement bien foutus qu'on jurerait que certaines scenes sortent toutn droit d'une photographie ! Sans parler des double-pages ultra detaillées en mode "plan iconique de western" qui envoient du paté cosmique à la vitesse d'une balle de revolver dans ta gueule !!! Kakizaki est un putain de virtuose genialement genial, rien que le dessin justifie à lui tout seul pourquoi ceux qui disent que les mangas sont moches et mal dessinés doivent fermer leurs gueules pour pas se retrouver avec un deuxieme trou de balle entre les 2 yeux !!!


Donc : T'aimes les Westerns ? t'aimes les fusillades de taré à 1 contre 15 ? Alors lit Green Blood !
Tu kiffe Gangs of New-york ? Zorro ou Il était une fois dans l'Ouest ? Alors lit Green Blood !
T'es fan de Kakizaki ? tu t'es jamais intéressé à ses mangas ou t'aimerais en découvrir ? Alors lis Green Blood !!!


Ouais, j'en ai peut-être un peu trop fait...

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le 20 déc. 2014

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Arkeniax

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