Après presque 20 ans après la sortie de l’anime, que j’ai dû regarder il y a environ 15 ans, je me suis enfin décidée à lire le manga (18 tomes au total).
Je trouve le manga difficile à noter, car il a beaucoup de points positifs, certains points négatifs (bien que peu nombreux) pèsent lourd dans la balance, malgré le fait qu’ils soient liés à l’époque à laquelle se passe le récit.À l’instar d’un Lovely Complex (qui sur le plan comique a une valeur comparable) qui n’est pas trop mal, mais sans plus.
Ici, il y a beaucoup plus de choses à dire.
J’ai vu dans les commentaire qu’une personne avait dit : « les comédies romantiques lycéennes disposent de deux façons de se différencier les unes des autres - un élément original ou des personnages de qualité ».
Je ne peux que plussoyer cette affirmation. Je dirais même que cela distingue un bon shōjo d’un mauvais.
Ouran Host club n’est pas ce que l’on pourrait appeler un shōjo « classique », il mise clairement sur l’aspect comique et un environnement « original » que l’on ne retrouve pas si souvent que cela dans les histoires d’amour adolescentes.
Il y a donc naturellement plusieurs points que j’ai réellement apprécié dans cette œuvre :
Le personnage d’Haruhi
D’abord montrée comme une personne calme, polie et plutôt discrète, cette dernière se trouve être aussi très tranchée, froide au premier abord et désintéressée de tout.
On pourrait croire à un énième cliché de fille pauvre entourée de mecs riches qui viennent la secourir, mais c’est totalement l’inverse. Sans s’en rendre compte, c’est elle qui change les personnes qui composent le club d’host sans s’en rendre compte.
Ce que j’ai aimé avec cette jeune fille, c’est qu’elle admet volontiers qu’elle s’est renfermée sur elle et au monde de manière générale après la mort de sa mère. Pour autant, elle ne le vit pas mal, elle ne se déprécie pas non plus à l’extrême et je trouve ça rafraîchissant.
Évidement, cette « candeur » est très extrême, car elle ne s’aperçoit jamais des sentiments des autres quand cela la concerne et ne comprend pas non plus ses propres sentiments lorsqu’ils se révèlent. Hormis ce dernier point, c’est un sans faute pour moi.
Le développement est bien rythmée, l’évolution du personnage est cohérente et a aucun moment son personnage ne m’a irritée, chose assez rare pour le souligner.
Une bonne partie du manga est présentée sous forme de chapitres « indépendants »
Comme pour les sitcom, OHC ne fait pas exception. Un bon 50% du manga se construit sous forme de : 1 chapitre = 1 histoire/problématique.
Chose que j’aime beaucoup, car cela permet de ne pas stagner dans le temps et d’avancer de manière plus fluide, comparé à une œuvre qui suit presque au jour le jour les personnages. Cela permet également de dézoomer sur le côté romance, pour se consacrer à l’histoire passée des personnages secondaires voire même tertiaires, pourvu que cela entre en résonance avec les principaux. Je n’ai pas tant de choses que ça a ajouter sur ce point, mais je tenais à souligner tout de même son efficacité.
Le ratio humour/sérieux Encore une fois un point alloué à l’auteure, je trouve les situations comiques parfaitement bien imbriquées à celles plus « dramatiques », sans qu’elles ne dénotent dans le décor.
S’il y a bien un facteur qu’il est dur de doser avec parcimonie dans un shōjo de type humour, c’est le relief comique. Dans Lovely complex, ç’avait tendance à me sortir de l’histoire à certains moments où à l’inverse, tout était « trop sombre » pour pas grand chose et il n’y avait plus aucune dose d’humour. Je pourrais également appliquer ce ratio à tous les personnages de l’œuvre, il n’y a pas de personnalité parfaite, chacun a ses failles, ses expériences, ses qualités et ses défauts.
Bon à part peut être Mori, qui lui est foncièrement gentil et d’un grand secours la plupart du temps.
Le tout à donc un aspect extrêmement attachant, imparfait et pourtant tellement touchant, qu’on ne peut s’empêcher de s’attacher à cette bande de mecs + Haruhi, complètement déjantée.
Parlons maintenant des points dont je suis clairement moins fan. Dont le premier va être plus nuancé.
Les morales « bancales »
Tout au long de l’œuvre, mais particulièrement lors du premier tiers, il y a cette vision très clichée du genre, surtout envers Haruhi.
Cette dernière est une fille, mais se fiche totalement de son genre (dans le sens où son apparence ne la défini pas, ça ne l’enlève/vexe pas qu’on la prenne pour un garçon), ajouter au fait que selon elle, la féminité n’a pas qu’un visage. Si le propos et son chara design sont assez novateurs pour un shōjo du début 21ème, ces idées là sont sans cesse balayer d’un revers de mains par ces congénères masculins. Tamaki et les jumeaux forcent très souvent pour la voir habillée en fille (comprendre par là qu’elle doit arborer des cheveux longs, avec une robe ou une jupe) et trouvent qu’elle ne se comporte pas comme telle. Ce qui est paradoxal, car ils ont tous l’air de l’apprécier pour ce qu’elle est et non pour ce qu’elle représente ou devrait représenter. Les personnages masculins ont l’air d’échapper beaucoup plus à ce sexisme, puisqu’on voit régulièrement certains pleurer, agir de manière mignonne, être à l’écoute et communiquer (choses qui devraient ne pas exister si l’on suit la logique de l’auteure envers les femmes). Il y a des hommes travestis également, même si parfois tournés en dérision, je n’ai pas trouvé qu’ils étaient pointés du doigt, contrairement à Haruhi.
Même les supposées relations gays ont l’air d’être beaucoup plus tolérées (majoritairement par les femmes évidemment) que le soit disant manque de féminité dont fait preuve le personnage principal.
Ce point est déjà très long, et je ne vais que survoler les autres « morales » que je n’ai pas aimé, mais Kyouya qui au chapitre de la plage menace physiquement Haruhi pour l’effrayer et lui montrer que face à un homme, elle ne peut rien…
Premièrement, je ne vois pas la logique derrière, si ce n’est être violant gratuitement et ensuite, jamais le personnage de Kyouya n’aurait fait ça. Globalement, ce chapitre à la plage est un ramassis de bêtises et de propos assez graves et n’est pas vraiment pas en adéquation avec le reste de l’œuvre. Pour terminer, j’évoquerais le dernier arc, à savoir celui de Tamaki. Sans rentrer dans les détails pour ne pas vous « spoiler », je n’ai pas compris que lui, ses amis (pour ne pas dire tout le monde) en veuille à une certaine personne qui se « venge » d’un.e membre de sa famille, bien toxique, et qui a littéralement ruiné la vie de Tamaki et pas que. Trouver le recours extrême, oui. Lui en vouloir et privilégier la personne toxique parce que… c’est la famille ? Parce qu’elle a du prendre la relève pendant des années après la mort de son/sa conjointe ?
Non. C’est incompréhensible selon moi, et encore je n’évoque pas tous les actes horribles que ce personnage a pu faire.
Cette critique étant déjà trop longue, je vais rassembler les derniers points en un seul :
Certains aspects bâclés
Quand je lis un manga, j’attends que les personnages en sortent changés. En bien ou en mal, pour expliquer de manière assez simpliste.Haruhi a changé, Tamaki a changé (du moins sa vie familiale), les jumeaux (la plus belle progression peut être) et Kyouya, un tout petit peu je suppose ? (Il admet plus facilement que les membres du clubs sont les plus belles choses qui lui soient arrivées), mais Mori et Hani ?
Rien. Zéro. Nada.
Je les adore, entendons nous bien, ce sont les plus matures émotionnellement parlant, ainsi que des amis et des soutiens infaillibles pour leurs amis. Mais entre le début et la fin de l’œuvre ils restent inchangés et je ne crois pas qu’ils aient tant évolué entre le début du lycée et la fac. On apprend pas mal de choses sur eux, comme leur passé, mais ça ne va pas au delà. D’ailleurs, il est souvent sous entendu qu’Hani aime vraiment bien une jeune fille du nom de Reiko (qui est une espèce de sorcière, et qui est amoureuse de lui), mais nous n’avons le droit qu’à une toute petite annotation disant « ce seront les premier à se marier ».
Donc, je suis un peu déçue, de n’avoir rien de plus.
L’autre point concerne Kyouya. Depuis le début du manga et ce tout du long, nous savons que garçons sur 6, sont amoureux de Haruhi. Tamaki et les jumeaux. Mori, Hani et Kyouya n’ont, selon moi, jamais aimé Haru plus que comme une amie. On le constatait souvent, car ils étaient clairement en retrait et les seuls à remarquer ce qu’il se passait entre les 4 autres.
Arrive la fin de l’arc final et là, Hani demande à à Kyouya si ça lui convient vraiment en parlant de la situation entre elle et celui qu’elle a choisi. En ajoutant que s’il n’avait pas prévu que Kaoru tombe amoureux d’Haruhi, il dit qu’il a été surpris par ce dernier (à savoir Kyouya). Kyouya répond qu’elle n’est pas du tout son genre et qu’en plus, il ne choisirait jamais une femme qui n’apporte rien à sa famille. Il continue en disant qu’il est déjà extrêmement heureux de ce qu’il a trouvé (aka l’amitié).
Je n’ai pas compris l’intérêt de cet… ajout ?
3 garçons étaient bien suffisant pour forger un love interest. Ramener, ou du moins sous entendre que Kyouya aurait pu être dans l’équation, n’apporte pas grand chose. J’aurais préféré voir Hani danser avec Reiko (oui, je force, mais bon…)
Et le dernier des derniers points : le chapitre final. J’avoue que j’aurais préféré qu’elle fasse son séjour aux États-Unis seule. C’était son projet pro, son objectif à atteindre, celui qu’elle a décidé d’accomplir pour elle-même et je suis un peu dépitée que TOUT LE MONDE ait débarqué dès le début. Au bout de 6 mois, pourquoi pas, mais là, je ne vois pas l’intérêt de l’avoir fait partir. Il aurait été plus pertinent (toujours d’après mon humble avis) d’avoir une avance rapide après 6 mois ou 1 an et la voir à son appart en train d’attendre Tamaki qui aurait décidé de la rejoindre. Puis, quelques cases sans paroles où l’on voit les membres du club chacun de leur côté (avec leur copine ou leurs amis, au travail, qu’importe), les années qui défilent et une case où Tamaki (des années plus tard donc) chuchote à l’oreille d’Haruhi pour lui proposer de l’épouser, et un vrai passage de fin au mariage, avec la famille, les proches, pourquoi pas les compagnes des autres garçons, et enfants s’il y a, avec un Tamaki super stressé…Voilà comment j’aurais aimé que la fin se déroule et non pas : on prend les mêmes et on recommence, avec un petit tour en Espagne, ma foi fort inutile et juste une illustration de mariage. Pour qu’une fin soit convaincante, je n’ai pas forcément besoin que l’on me montre tout. Mais je n’ai pas non plus envie de voir des moments inutiles.
Bref, s’il y a encore une personne qui a lu jusqu’ici, un grand bravo.
Je termine en voulant tout de même préciser que tout ce qui est lié au sexisme et aux messages que je trouve problématiques ne sont pas ce que j’ai le plus retenu (malgré un long pavé certes, mais nécessaire tout de même car important), qu’il n’y a aucun rebondissement que j’ai trouvé insupportable ou ennuyeux et que c’est tout de même un bon shōjo. Je ne lui a pas attribué une note plus haute, car malgré une lecture très appréciable, je ne pense pas le relire et j’en suis la première surprise.