Bien que l’escalade soit un sport qui ait la côte, les BD sur le sujet peuvent se compter sur les doigts d’une main (So High, de Romain Desgranges et Flore Beaudelin ; la toute nouvelle BD d’humour Les Grimpeurs, par David Volpi et Jack Domon ; et c’est à peu prêt tout…). Heureusement la littérature du neuvième art est beaucoup plus pléthorique en ce qui concerne l’alpinisme, et regorge de belles pépites (Le sommet des Dieux de Taniguchi, Ailefroide altitude 3954 de Jean-Marc Rochette notamment).

Il était une fois l’escalade est sans aucun doute la BD de grimpe la plus ambitieuse. Sa volonté de raconter l’histoire de l’escalade, de ses origines (littéralement par la préhistoire, car la BD commence avec la naissance de l’homo sapiens) à nos jours paraît presque présomptueux. Pourtant, les auteurs s’en tirent à merveille : ce qui saute tout de suite aux yeux, c’est le travail de recherche colossal réalisé par les auteurs Catherine Destivelle (grimpeuse française emblématique qui a d'ailleurs droit à sa planche) et David Chambre, travail d’ailleurs confirmé par la bibliographie très fournie proposée en fin d’ouvrage.

La BD s’attarde sur les débuts de l’escalade moderne, les avancées technologiques en matière de cordes, pitons et chaussons ; les spots incontournables, des Dolomites à Bleau ; et les figures historiques qui ont façonné le paysage vertical, d’Emilio Comici à Patrick Edlinger en passant par Lynn Hill.

La période plus récente – et donc plus connus des jeunes adeptes dont je fais partie – est toutefois traitée de manière un peu trop rapide. Le roman graphique compte déjà 150 pages, mais 50 de plus n’auraient pas été de trop pour présenter moins succinctement les nouveaux talents mondiaux, de Jacob Schubert à Seb Bouin, en passant par Oriane Bertone et les autres. Il était une fois l’escalade fait -fort heureusement – la part belle aux exploits en falaise, mais passe un peu trop rapidement sur le développement plus récent des compétitions telles que le circuit des Coupes du Monde, ou les récents JO. La vitesse, si décriée par bon nombre de grimpeurs, ne fait ici l’objet que de quelques cases et cet aspect de la grimpe aurait mérité développement.

A mon sens, l’un des grands points forts de cette BD réside dans les petits QR Codes disséminés tout au long des pages et qui renvoient vers de très intéressantes vidéos YouTube, de grands classiques comme le documentaire sur Patrick Edlinger La vie aux bouts des doigts ou l’ascension de Silence, le premier 9c de la planète, par l’extraterrestre Adam Ondra, mais aussi des documents plus anciens comme ce reportage INA sur Emilio Comici, « l’Ange des Dolomites ».

Reste malgré tout une sensation d’urgence, de nombre limité de planches, qui donne parfois l’impression de passer du coq à l’âne trop rapidement. On aurait parfois aimé s’arrêter sur tel ou tel personnage pour apprendre à le connaître mieux que les 2 ou 3 exploits majeurs ici présentés.

Il était une fois l’escalade est une petite encyclopédie imagée très intéressante, qui avec un brin d’humour nous fait voyager des plus petites parois du Cuvier de Fontainebleau aux majestueux Big Walls du Yosemite. Une lecture à dévorer avec assiduité pour les jeunes fans de grimpe !

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D. Styx

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