On connaissait le professeur qui voulait sortir avec une lycéenne (Onizuka, GTO), le professeur qui a tué des lycéennes (Seiji Hasumi, Lesson of the Evil), voilà le tour du professeur qui désire être tué par une jolie et frêle lycéenne : Haruto Higashiyama. La raison ? Cet enseignant de 34 ans, célibataire, est autassassinophile c'est-à-dire qu'il est attiré sexuellement par le risque d'être tué par une autre personne.


Á cœur vaillant rien d’impossible ?


Ce désir le conduit à laisser tomber sa formation de psychologue clinicien pour embrasser la carrière de professeur d'histoire, géographie et d'éducation civique. Et au lycée de Nitaka, Higashiyama a trouvé la fille de ses rêves : Maho Sasaki. C'est elle qui doit le tuer par étranglement (de préférence).


Pour l'heure ce souhait n'est pas exaucé et nous voyons se mettre en place la pièce. Les principaux acteurs sont présentés successivement au cours des quatre premiers chapitres du volume un. Une présentation soignée où Usamaru Furuya arrive à dire beaucoup en peu de cases et en peu de mots : les paroles des personnages cohabitent avec les pensées du personnage que nous suivons, placées sous la case, dans un cartouche.


La déviance dans la normalité (ou l'inverse)


Le premier chapitre ouvre magistralement la série. En une trentaine de pages, Usamaru Furuya nous présente Haruto Higashiyama dans un résumé bluffant par sa concision et sa précision. Surtout, ce que nous apprenons évacue toute dimension humoristique concernant le personnage. Higashiyama pense rationnellement l'organisation de son meurtre. Il n'y a rien de comique ou de grotesque.


Alors on pourrait trouver le personnage anormal, déviant, repoussant... Il n'en est rien. L'origine de son autassassinophilie n'est pas résolue (ce n'est pas le sujet) mais nous voyons les grandes étapes de sa vie. Et il n'y a rien de désobligeant à observer. Si Higashiyama vit pour sa mort, mais cela ne l'empêche pas de donner le change devant ses élèves. Mais quand il est seul, le masque tombe, sa « déviance » s'exprime.


Le professeur n'est pourtant pas le seul à ne pas rentrer dans les cases utilisées pour classer les individus. Maho Sasaki, la fille jolie et aimée de tous cache un secret. Aoi Gotô, sa meilleure amie, ne sait pas lire les sentiments d'autrui et panique quand elle est en groupe. Néanmoins elle est très intelligente et a peur de Higashiyama. Par toutes ces voies, Je voudrais être tué par une lycéenne croise des chemins que nous avons aperçus avec Les Fleurs du Mal ou Tokyo Kaido.


Une mise en scène aboutie


Je voudrais être tué par une lycéenne joue finement avec la psychologie des personnages. Il n'y a pas de linéarité, de surface lisse chez les individus mais toujours des aspérités, ce qui participe sûrement à l'intérêt que l'on éprouve pour eux.


Chaque chapitre du volume s'ouvre par une photo représentant une scène d'un établissement scolaire (salle de classe, escalier, couloir...). Comme pour mieux rendre floue la frontière entre l'intrigue et la réalité. On peut d'ailleurs remarquer (sauf erreur de ma part) qu'il n'y a pas de phrases nous informant que ce récit est fictif, que toute ressemblance, etc. Le trait de Usamaru Furuya est fin, constant au fil des pages et il accorde une importance toute particulière aux décors extérieurs, notamment les arbres, la forêt - avec des fonds sans doute issus de photographies mais (bien) retouchées par l'auteur.


Du côté de l'édition française, si on repère quelques coquilles la traduction de Fabien Nabhan se révèle satisfaisante. La jaquette a un aspect brillant du plus bel effet, le volume est souple mais pas trop et je n'ai pas remarqué de problèmes de transparence au niveau des pages intérieures.


Réussir sa mort plutôt que réussir sa vie ?


En presque 240 pages, Usamaru Furuya nous propose une première moitié de série réussie. Je voudrais être tué par une lycéenne progresse de manière maîtrisée, le récit ne connaît pas de redondances mais pose différents éléments qui finissent par s'assembler pour constituer un tableau oscillant entre le drame, l'ironie (cruelle) et la réflexion. La mort sera-t-elle au bout du chemin ? Rendez-vous en octobre 2017 pour la réponse !


Critique un peu plus longue et avec quelques illustrations à retrouver par ici.

Anvil
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le 7 mars 2017

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Anvil

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