Jean Doux travaille depuis des années à Privatek, une entreprise spécialisée dans la fabrication de broyeuses à papier. Mais voilà, Privatek est en passe d’être vendue… Et comme si la situation n’était pas assez compliquée comme ça, Jean Doux fait la découverte d’une étrange disquette molle, dans le faux plafond d’un ancien bureau. Comment gérer tout ça ?
Dès la couverture, le ton est donné : cette BD nous plongera dans un univers vintage, loufoque et décalé. Le format à l’italienne surprend, le graphisme ressemble à un jeu vidéo des années 90 (ça tombe bien, c’est pile la période à laquelle se déroule la BD… !), les couleurs sont criardes, les personnages caricaturaux (tout comme les relations décrites entre collègues), le découpage strict, le scénario frappadingue. En bref, tous les ingrédients sont réunis pour tomber rapidement dans le too much et faire fuir le lecteur.
Et pourtant.
Pourtant, Philippe Valette tient son pari (pas évident !) et parvient à nous captiver de bout en bout, alors qu’à la base, il est question de broyeuse à papier et de disquette molle. Y a plus excitant comme sujet, tout de même.
Mais voilà, tout est ici parfaitement maîtrisé. L’auteur mélange routine de bureau, polar à la Derrick, chasse au trésor Indiana Jonesque et SF absurde. Un mélange délicieusement improbable qui s’harmonise pourtant très bien sur la durée du récit. Chaque page est pleine d’humour que j’ai trouvé très pertinent – même s’il n’est pas toujours très fin. Mais justement, le but ne semble pas de faire dans la finesse mais plutôt dans le total décalage pour se moquer ouvertement des films ou séries policières qui se prennent très au sérieux, voire trop au sérieux. Les dialogues offrent des punchlines croustillantes qui contrastent souvent avec le graphisme figé et peu expressif, appuyant un peu plus cette volonté de décalage.
Tous les clichés utilisés (des personnages, aux relations qu’ils entretiennent entre eux en passant par la caractérisation du méchant ou les Deus ex Machina) sont assumés et détournés pour faire éclater l’absurde. J’ai aimé tous les clins d’œil aux années 90 (et j’en ai sans doute manqués pas mal…) ainsi que les clins d’œil à note époque, souvent à base de « Non mais t’imagine ça [insérer ici une invention ou avancée technologique aujourd’hui banale] dans vingt ans ? Ça ne passera jamais ». On regarde notre époque avec un œil neuf et narquois pour notre plus grand plaisir.


https://leschroniquesviennentdemars.wordpress.com/2018/06/04/bd-jean-doux-et-le-mystere-de-la-disquette-molle/

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le 6 juin 2018

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