Plus connu chez nous pour ses adaptations animées de Supernana ou La petite Olympe et les dieux, Hideo Azuma est un mangaka qu'on peut appeler populaire.
Pourtant, en 1989, alors qu'il s'apprêtait à rendre les dernières planches de sa série, il décide de quitter son studio, planter ses assistants, sous le prétexte qu'il doit acheter des cigarettes. En réalité, c'est le début d'une terrible crise existentielle, couvée depuis des années, où Azuma va totalement transformer sa vie, et ainsi disparaitre aux yeux de tous. Tout cela après une tentative de suicide ratée...
Tour à tour, il va devenir SDF, travailler pour une compagnie de gaz, et son alcoolisme va être tel qu'il va être interné en hôpital psychiatrique, et ainsi tenter un sevrage, pour peut-être devenir à nouveau mangaka.


Aujourd'hui, on dirait que cet auteur a subi un burn-out, mais celui-ci est très franc sur lui-même et ne se donne pas le beau rôle. Certes, le trait rondouillard n'est pas réaliste pour un sou, donnant l'impression qu'Azuma est tout petit, avec des cheveux en bataille, mais ce qu'il a vécu, avec force détails, suffit à montrer la gravité de son cas. Après quelques mois de vagabondage, à fouiller les poubelles et utiliser des mégots encore utilisables, l'auteur reviendra dans le métier, pour fuguer encore une fois en 1992, cette fois pour être technicien du gaz, toujours pour fuir cette réalité de mangaka, à savoir des horaires infernaux, la pression des éditeurs et des lecteurs... Car au bout d'un moment, même le meilleur des auteurs peut être lessivé.


Hideo Azuma fut obligé de dessiner des mangas érotiques, car ses séries dites traditionnelles ne marchaient pas, ne plaisaient pas du tout, ce qui enfonçait de plus en plus l'auteur dans la déprime, et dans un grave alcoolisme qui va le conduire à l’hôpital puis l'asile psychiatrique.
Bien que le sujet traité soit très grave, l'auteur revient finalement avec pas mal d'humour et d'autodérision sur cette période très difficile, ce qui m'a beaucoup touché.


Venant d'un auteur dit comique, l'histoire traitée a de quoi surprendre. Mais elle a quoi marquer les esprits par la gravité et l'actualité de son sujet.

Boubakar
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le 2 mars 2016

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Boubakar

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