Depuis ma dernière lecture d'une œuvre de l'auteur Tsutsomu Nihei, à savoir BLAME! et Abara, je gardais une vision somme toute unique de son travail, à savoir un soin maladif à confiner ses personnages dans l'immensité de structures filiformes et dépeindre avec talent les tares cybernétiques d'un futur aussi lointain qu'impalpable.
J'avais aussi su apprécier, à ma façon, sa manière particulièrement cryptique de dévoiler des informations et des indices, éparpillés dans les compositions au trait noir charbonneux et incisif.
Mais on m'avait prévenu d'une chose concernant Sidonia: qu'une étape avait été franchi, et que du Nihei de l'ombre on devait faire table rase pour embrasser un artiste plus en phase avec son temps, plus apaisé dans son for intérieur, et plus à même d'introduire des éléments qui nous aurait fait soufflé du nez il y a quelques années en arrière, tel que de l'humour ou bien du ecchi.
Force est de reconnaître qu'au début, je n'étais vraiment pas emballé par la proposition, et ce malgré une histoire SF de grande ampleur à base de civilisation humaine à la dérive, fuyant un ennemi extraterrestre plus puissant que lui : les Gauna. C'est donc sur fond de space-opera que s'amorce cette histoire en quinze tomes, mais aussi autour de plusieurs thématiques chères à l'auteur, tels que le clonage, les transformations cybernétiques, la réplication d'esprit, l'accès à une immortalité illusoire...
Mais j'ai finalement réussi à renouer avec un certain plaisir de lecture et ait pu agréablement virevolter dans l'espace aux côtés de notre héros, Nagate, qui réunit beaucoup d'éléments shonen dans ses traits de caractère, tel que sa bêtise permanente ou sa malchance à se retrouver dans des situations ecchi. Il y a un vrai plaisir de la part de Nihei à nous offrir pour la première fois une histoire plus claire, sans faux semblants ni codex Noisesque à lire pour en comprendre les tenants et aboutissants., et cela se ressent autant dans son trait épuré (quoique d'abord un brin brouillon au début) que dans ses sublimes Cents Vues de Sidonia à se damner tellement elles reflètent tout l'amour de Nihei pour l'architecture.
Mais, à mon sens, un beau coup de crayon ne sauve pas les meubles, et je ressors de ma lecture sans grandes sensations. Loin des mégastructures délirantes d'un BLAME! et loin des combats violents et techniques d'un Abara, Knights Of Sidonia a finalement surtout pour lui ses grands espaces ou s'affronte Gauna et humains au prix d'une survie toujours plus gourmande en ressources, mettant par instants en lumière la futilité de la survie de notre race.