Le lecteur lui n'oublie pas

Ah les Dalton, inépuisables Dalton. On les aura décidément vus dans une palanquée d'histoires de Lucky Luke. Goscinny les a érigé au rang de meilleurs ennemis du poor lonesome cowboy avec de superbes histoires, il est logique que ses successeurs ne changent pas l'équipe qui gagne.

Seulement voilà, reprendre des personnages à sa sauce est logique, trahir avec soin leur univers d'origine est merveilleux mais parfois on applique uniquement les vieilles recettes, pensant que le lecteur n'y verra que du feu, et là c'est plus problématique.

Un très bel exemple avec cette Amnésie des Dalton qui est une sorte de fusion de deux-trois albums célèbres de Lucky Luke, la verve et donc l'originalité en moins. En effet, plus les pages avancent plus on a l'impression d'assister à un croisement des albums Les Dalton se rachètent avec La guérison des Dalton.

En vrac, on retrouve :
-> le soin de libérer les plus grands bandits d'un pénitencier car ils sont "malades" ou pour mener à bien une expérience ;
-> l'escorte de Lucky Luke comme grand témoin de l'évolution de l'expérience à la fois perplexe et à l'affût du moindre dérapage ;
-> le fait que trois des frères sont dans le simulacre mais que le plus grand (en taille) fasse tout capoter car vit dans le premier degré.

Si on pousse presque un peu loin, on a même le droit à un photographe qui sort d'une diligence et qui éblouit son monde avec son flash (planches 19-20), tiens ça sent le réchauffé de La Diligence...
Et donc non ce n'est pas un mélange donnant un cocktail savoureux mais un album plutôt moyen qui souffre de la comparaison avec ses prédécesseurs.

Néanmoins, la réutilisation de Ma Dalton sur 5 planches (26 à 30) est plutôt réussie. On retrouve avec plaisir ce perso conscient des excès de ses enfants mais qui prendra toujours leur défense. Aussi Rantanplan reprend ses bonnes vieilles habitudes avec Sweetie.

Donc globalement, l'album se lit facilement avec assez peu de surprises ni prise de risque. Fidèle à cette période Fauche-Léturgie, sans ratage, mais qui n'arrive qu'au genou de l'époque Goscinny.