Coco est une jeune fille. Fascinée par la magie elle va devenir une sorcière… pour réparer une erreur. La loi de l’échange équivalent s’appliquerait-elle aussi dans le domaine de la magie ? Nul besoin de formule magique pour apprécier l'Atelier des Sorciers !


Un secret bien gardé


La magie fait partie de ces éléments qui ont bercé l’enfance de bon nombre d'entre nous. Réciter des sorts, en lancer… il y avait quelque chose d’entraînant dans cette idée. Dans l’univers de Kamome Shirahama on ne lance pas des sorts : on les dessine. Bien sûr la magie peut être utilisée pour faire le bien ou le mal. Pourtant le magicien Kieffrey annonce qu’il ne reste plus que les sorts qui « rendent les gens heureux ». Pourquoi ?


Parce que par le passé, la magie était chose commune. La nature humaine a dévoyé la magie pour de sombres desseins. Aussi les magiciens ont-ils retiré la magie aux hommes. Ils l’ont privatisée ; elle est devenue ésotérique, réservée à quelques initiés qui suivent un cursus pour prétendre devenir magicien. Qui plus est, l’usage de la magie doit se faire à l’abri des regards indiscrets. Le secret doit être conservé. La curiosité étant un vilain défaut, Coco ne pourra s’empêcher de regarder Kieffrey et de prendre connaissance du secret si bien gardé. Elle voudra faire de la magie elle-même et tel l’Apprenti sorcier de Fantasia cela ne va pas très bien se passer.


L’apprentie sorcière


Pour réparer son erreur, Coco va devenir l’apprentie de Kieffrey. Finie sa vie tranquille où elle découpait du tissu. Elle rêvait de magie ; son rêve va devenir réalité. En compagnie de trois autres apprenties, elle a à peine le temps d’apprendre quelques rudiments, de passer avec succès une épreuve et voilà que, déjà, un défi de taille se dresse sur sa route. Et on pressent que notre héroïne sera prise entre deux feux : celui des magiciens qui veulent maintenir les choses en l’état et d’autres, la confrérie du capuchon qui paraît animer par des desseins plus… corrosifs dirons-nous, du moins pour ce que l’on peut en deviner.


En somme si Coco est intégrée dans le petit cercle de la magie on peut se demander pour quelles raisons et si le monde enchanté qui nous est dépeint par Kieffrey ne se cache pas un monde un peu trop enchanteur… L’élitisme des magiciens pour le bonheur du plus grand nombre est un argument efficace mais qui mérite d’être questionné. Pour autant l’Atelier des Sorciers ne verse pas dans un côté sombre univoque, l’auteure insère plusieurs passages humoristiques qui permettent de casser le rythme et sont autant de moments agréables.


Bibidi Bobidi Bou !


Ce premier volume interpelle pour au moins deux autres raisons. La première renvoie au graphisme. Kamome Shirahama montre que l’on peut être illustratrice et mangaka sans problème. Le rendu est net, rien ne dépasse, les visages comme les décors sont soigneusement détaillés (attardez-vous sur le rendu des mains) et certaines planches sont illuminées par ce que propose l’auteure. La seconde raison est liée à la magie : le fait qu’il faille dessiner convoque le lien entre le magicien et l’artiste (voire le mangaka) : il y a peu d’élus, ce n’est pas si simple (traits imparfaits…), pour réussir il faut être apprenti auprès d’un maître (à l’instar des mangaka qui ont débuté comme assistant ?). On ne peut s’empêcher de penser que l’artiste est le magicien des temps modernes, dont l’art contribue à rendre les gens heureux.


Du côté de l’édition française, le volume est dans le droit fil de ce que propose Pika pour sa collection seinen. L’impression est propre, le volume se manipule sans difficulté. La traduction a été confiée à Fédoua Lamodière pour un très bon résultat. J’ai été particulièrement marqué par les moments comiques où les propos répondent parfaitement à la situation.


Formule magique


Ce premier volume pose méthodiquement les bases pour la suite (mystère autour du passé de Kieffrey, du pourquoi Coco a été « choisie » par les capuchonnés…) et propose un récit qui mérite qu’on s’arrête sur certaines planches, pour profiter du trait de l'auteure. Un ensemble plus qu’appréciable qui ne demande qu’à être approfondi début juin avec le second tome !


Avis illustré à retrouver par ici.

Anvil
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le 8 mars 2018

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