Chef d’ouvre titanesque ou merde colossale ?

Le bruit court qu' une pépite méconnue soit en fait la perle rare du scénario. Avec des fils d’intrigue si subtilement intriqués qu’il serait impossible de les distinguer, avec des forshadowing tellement prophétiques , qu’être incapable de reconnaître ce manga comme le messie relèverait du sacrilège ultime, non envers le medium mangatique mais envers l’Art entier en général. Qu’en est-t-il vraiment ?

Je dois avouer: j’ai été victime aussi, non des attraits de ce nouveau prophète, mais de ses mystères.Car des mystères il en a beaucoup : Qui sont les titans ?D’où viennent-ils ? Qu’il y a-t-il de l’autre côté des murailles?

Mais surtout le mystère ultime qui allait tout me révéler :"Qu’il y a-t-il dans la chambre du père d’Eren ? "

Cet ultime mystère allait tout me dévoiler, me sortir de l’obscurité, allait éclaircir les lois secrètes de l’univers, me dévoiler en entier le génie de ce nouveau prophète. Je serais alors capable de voir clair comme le jour tous les différents foreshadowings, aussi bien dans le futur que dans le passé.

Je supportais donc les milles sacrifices de la foi.

Je supportais donc les dessins immondes, car ils transmettaient le message et ne gênaient pas l’action. Action palpitante qui pour l’instant rachetait l’âme du manga.

Je supportais donc les personnages, tous plus détestables et unidimensionnels les uns que les autres.

"Des exceptions comme Levi et Sieg Jäger sont quand même intéressants"-Me disais-je pour me réconforter.

Je supportais donc les incohérences, de l’arc de la famille royale, qui pétillant tellement des tous les côtés.Elles étaient tellement grosses, que Isayama lui même aura tenté de nous les faire oublier par un tour de transmutation magique appelé animation.

Je supportais donc le sauvetage miraculeux du détestable et inutile Armin échangé contre un capitaine bien plus compétent. Car contrairement au capitaine qui comme moi voulait découvrir tous les mystères de ce monde, Armin voulait voir la mer.

Sûrement que la mer devait être un mystère, tellement inconcevable que moi, plongé dans l'ignorance, ne pouvais pour l’instant pas imaginer. -"Sûrement, Armin qui va voir la mer, cela jamais ne sera liquidé en un chapitre en mode osef. Ce sera sans doute, un épisode infiniment plus important pour le développement de l’Histoire et de la vision du monde, que le secret de la chambre du Père d’Eren, justifiant ainsi de manière logique son sauvetage."- Priais-je fidèlement

Après tous ces multiples malheurs de la vertu, il me fut enfin possible de m’introduire furtivement dans la chambre du Père d’Eren. Et le secret ultime me fut grandiosement révélé du ciel :

«Eh ba enfaîte, Tout le monde sait que vous êtes enfermés et ils ont a continué a évoluer sans vous »

Quelle fut ma déception lorsque je me rendis compte de la supercherie de l’ultime révélation!

On ne pouvait plus me tromper! Ce prophète, le supposé chef d’œuvre ultime d’originalité, avait juste utilisé les subterfuges narratifs les plus courants dans la littérature populaire pour adolescents des années 2010, de Divergente au Labyrinthe. Comment avais-je pus m’être trompé ainsi dans mes propres promesses ?

Comment avais-je pu prétendre qu' un manga pour adolescents, n’utilise pas des procédés narratifs les plus communs et populaires de la littérature adolescente ?

P.S.I

(Je continuais néanmoins ma lecture.

J’aimais bien l’univers de base qui était sorte de mélange de poupées géantes luttant contre des villages de jeux-vidéos , saupoudré d’ une pincée de nazisme japonais. Je fus enthousiasmé par l’introduction de l’univers et esthétique WW1. Après tout, voir un titan vs mitrailleuse WW1, qui aurait dit non ? Je fus enthousiasmé par la perspective d’une guerre totale manière Mar vs minorités, mais je fus déçu lorsque l’empire se fit démonter en 2 secondes par un ennemi inférieur technologiquement, numériquement, et intellectuellement. On m’appris que cela s’appelait la «plot armor».

J’assistais à la prise de pouvoir d'Eren suite à un effet domino de complots plus improbables et décousus les uns que les autres, qui en lieu et place de réponses n’apportaient que des questionnements contradictoires. Eren grâce au pouvoir du héros prit les plein pouvoirs mais il y eut un petit bémol ,il assumait désormais pleinement son côté Führer.

Il dût ensuite faire face a une trahison inexplicable de ses meilleurs amis (ce n’est pas de l’ironie, j'arrive toujours pas à l'expliquer) qui se rendirent compte à moitié chemin que génocider la planète entière avec des titans qui font le tour de toute la planète c’était mal. Après que la moitié de la planète soit exterminée tout ceci se termina encore plus invraisemblablement en un happy ending .

Mais j’ai ma propre théorie la dessus : cet happy ending est dû au simple fait que le chien d’Eren a survécu.

P .S:II

Bref tout ça pour dire que SNK mérite son succès. Il n’est pas immérité comme JJK ou MHA.

Il possède de la bonne action (comparable aux mangas à succès même genre) et le mystère est potable. Même si le fait que le mystère soit potable est mauvais pour le ressenti global de l’oeuvre.

Je m’explique: une bonne œuvre ne peut pas se permettre de mettre en place du mystère si les révélation sont éclatées. La révélation de la Chambre d’Eren était le truc moins original que Hajime Isayama aurait pu trouver, mais au moins il a prouvé que jusqu’à là, il savait où il allait.

Les secrets sur l’origine des titans et de leur pouvoirs étaient tellement osef que j’ai même pas dû les inclure dans mon résumé.La fin et les différents arcs finaux ont prouvé que Isayama n’avait pas la moindre idée de ce qu’il faisait. Sauf que lorsque il navigue à vue, il est nettement moins bon, pour ne pas dire très mauvais.

Si l’histoire n’a plus aucun sens, elle perd tout enjeu, donc on s’en fout (pour rester poli).

C’est pour ça que objectivement parlant des mangas comme Baki sont meilleurs que SNK.

La où Baki possède et développe un seul élément comme point fort ( la bagarre) et le fait bien, SNK bien qu’il en aie 2 (l’action et le mystère), un en fait couler l’autre, ce qui donne une œuvre d'objectivement moins bonne qualité sur l’ensemble.

En conclusion: tel le Titan Attaquant SNK frappe vite et fort dès le début, mais dès que l’on étudie de plus près toute consistance s’évapore.

4/10