Golden Kamui
7.7
Golden Kamui

Manga de Satoru Noda (2014)

Il y a des fois où même si on voudrait l’éviter il faut être un minimum objectif. Pour avoir des bases solides lors d’une critique et un critère d’entente pour pouvoir en discuter sainement, car sinon tout se résume à un j’aime /j’aime pas .

Golden Kamui est un coup de coeur si je le pouvais j’y mettrais 10 sans discuter mais ça serait qu' en suivant des critèrs purement personnels, (tout le monde n’est pas sensible à la documentation et les détails historiques qui ont été mis dans le manga),je ne peux donc pas m’empécher de penser que un 7/10 me parait plus appropié.

Je vais pas faire un résume de quoi parle Golden Kamui. C’est l’oeuvre qui a sorti de l’obscurité un peuple entier, les Ainu, groupe indigène originaire du Nord du Japon(plus précisement l’ile de Hokkaido) et Extrême-Orient russe. Ce peuple auparavant connu uniquement par des ethnologues japanophiles ( ou russophiles très savants), a ainsi été découvert par des milliers de personnes à travers le monde entier. Le phénomène a ainsi apparemment poussé des nouvelles personnes a s’intéresser à leurs origines Ainu où à pouvoir en parler plus librement. Et ils en avaient besoin car comme abordé dans le manga leur culture allait en se perdant. Similairement aux amérindiens le gouvernent Japonais ne leur a pas facilité la tâche.

On ne peut s’empêcher de constater, que ce point central n’a pas été abordé dans le manga. Qu’on se méprenne pas, le fait d’empêcher la culture Ainu de se perdre est un thème principal du manga. Mais à part si ma mémoire me fait grossièrement défaut, pourquoi cette culture se perd n’est pas abordé concrètement. Le Ainus se représentés comme un peuple voué à disparaître à cause de la Modernité ou d’une Japonisation inéluctable. La part active joué par le Gouvernement Japonais dans la Japanisation forcée, et à la disparition de leur culture, n’est jamais abordée directement. L’auteur a expliqué la raison pour cette prise de parti : il voulait monter les Ainus comme un peuple fort, mettre en valeur leur culture,non comme des victimes.C’est une raison tout a fait louable, je préfère cette vision à une vision victimisatrice qui en plus d’être particulièrement pessimiste souvent prend le dessus sur tout le reste et est bien trop souvent trop réductrice. Cependant on ne peut s’empêcher de penser qu'en évitant de montrer les Ainus comme des victimes, on évite aussi de montrer les Japonais (plus précisément le Gouvernement Japonais) comme des bourreaux.Savoir quelle raison à primé sur l’autre est à la discrétion de chacun.

Revenons à nos moutons. Golden Kamui, déjà, nous emmène dans une période de l’histoire Japonaise assez rarement abordée dans ce médium. Fini la période charnière où le Japon en panique découvrait la modernité,et cherchait à rattraper son retard civilisationnel de 500 ans sur L’Europe. Fini l’époque ou les samurai croisaient des locomotives à vapeur où des cow boys. C’est un Japon triomphantqui ayant réussi a prendre en main la modernité, n’en est plus étonné, un Japon qui, venant d’écraser la Russie lors de la Guerre de 1905, a réussi à se hisser au sein du club des nations «civilisées». Cependant le Japon se sent lésé, malgré l’énorme effort de guerre qu’il a fourni les récompenses qu’il en a tiré sont jugées bien trop insuffisantes et les nations ayant servi d’arbitre pour l’accord de paix bien trop clémentes envers la Russie. Bref c’est une sorte de victoire mutilée avant l’heure et qui aura toute forme de conséquences. A savoir que tous les soldats dans le manga ont servi dans cette guerre. dont le perso principal et le sentiment évoqué plus haut est une de leurs motivations . Par contre le bien fondé de l’impérialisme Japonais de l’époque n’est que survolé, mais bon je ne crois pas que les soldats de l’époque se posaient trop de quéstions.

Le manga est souvent décrit comme un de western japonais. C’est une bonne description car les thèmes abordés (un trésor enfoui, un ancien soldat, l’indienne, la nature sauvage, les bagarres et les fusillades, la chasse...) s’y retrouvent. On le décrit aussi comme un mélange de genre, à tort selon moi, malgré la multitude de thèmes abordés le style de narration ne change pas : c’est une sorte de style parodique-violent. Style assez particulier qui parfois ne permet pas de rendre les scènes marquantes et émotives comme il se doit. Mais il n’empêche aucunement de s’attacher au personnages ni de profiter de l’histoire.

Venons au scénario. La trame principale est assez simple ; une chasse au trésor, où une multitude de personnages et de factions viennent s’ajouter. C’est le fil conducteur de l’histoire car en réalité la véritable saveur consiste dans les petites multiples aventures que vont vivre les personnages pendant qu’ils sont à la recherche des peaux humaines. Peaux d’ anciens condamnées qui conduisent au trésor. La trame principale reste captivante jusqu’à la dizaine de volumes, à partir de l’arc de la prison elle commence a dégringoler. On sent qu’elle n’est plus qu’un prétexte, un moteur qui s’enclenche bruyamment pour faire avancer l’histoire,lorsqu’elle en a besoin. L’arc Sakhaline par exemple n’a semblé être que un immense détour ; au retour l’histoire principale n’en est pas plus avancé, malgré les dizaines de chapitres que l’on s’est tapé. On retrouve la marque de fabrique des shonens consistant à les rallonger le plus possible, jusqu’à que l’histoire déformée atteigne point de non retour et perde immanquablement un quelconque semblant de consistance.

La Pléthore de personnages, sont bizarres, bien écrits,charismatiques ,ils ne manquent pas de profondeur, ni de vécu. L’auteur a visiblement plus de mal à les développer.

Les diverses factions ont tous des objectifs propres, mais avec un point commun, toutes ont un but idéaliste qui s’oppose a ce que va devenir le Japon. moderne. De ce côté là ,le côté liberté qui va bientôt s’achever , on retrouve une thématique chère au western.

Comme dit auparavant le véritable point fort de l’histoire ce sont les différentes aventures, dans différents lieux, des différents personnages. Chaque histoire est originale et permet d’approfondir des domaines qu’on nous avait pas montrés.Ce sont des aventures qui rappellent les histoires d’antan et sont véritablement un vent de fraîcheur dans le milieu. On sent la forêt goûte les aliments, la tension de la chasse... Elles sont toutes douées d’un scénario bien supérieur à la trame principale et ne finissent souvent pas d’une manière attendue.A tel point que lorsque le fil directeur de l'histoire commence gentiment à s’effriter, on en est presque pas affectés, tellement les histoires secondaires tiennent le coup

Les myriades de thématiques abordées sont juste astronomiques : chasse, pêche, plongée, détectives,cuisine,combats, espionnage,guerre,… Mais ce qui est encore plus impressionnant c’est l’étendue de la documentation, que l’auteur Noda a pratiqué. Que ce soit pratiques culturelles des Ainus ou de l’époque,des objets, lieux,vêtements, personnages historiques,bâtiments…on les voit toutes revivre d'une façon stupéfiante et documentée . De ce côté là Noda est de loin l’auteur le plus documenté historiquement tout manga confondu. Pour chaque chapitre on voudrait presque un chapitre supplémentaire pour connaître toutes les références croustillantes, personnages historiques ou clin d’œils qu’on a raté...On pourrait se risquer à avancer sans honte, que le manga revêt une valeur documentaire.

Niveau dessin on est gâtés. L’auteur a un trait très réaliste pour les animaux ou les paysages, et très plastique pour ses personnages. Le découpage est parfait, l’action rend très bien les bagarres sont sales comme on les aime. Les différents arts martiaux et styles de combat(épée, couteau , fusil, canon..) sont nombreux et bien représentés.Ce n’est pas l’action qui manque, ni l’action de bonne qualité .

Que dire de la fin ?

Autant dire que l’histoire avançait tranquillement et elle s’est prise un croche pied de nulle part. Difficile à croire que l’auteur avait prévu qu’elle se finisse comme ça. Comment aurait-il pu faire une fin autant mauvaise ?On sent que l’auteur avait envie de se débarrasser de tous les personnages, et la fait tant bien que mal le plus rapidement possible. Malgré tout c’est une fin qui inspire plus la déception que le dégoût ou la rage. Golden Kamui se relève les sourire au joues malgré le nez qui coule ensanglanté. Ses (trop) nombreuses qualités ont largement éclipsé ses quelques défauts.

Que ce soit on nous peignant le us et coutumes des Ainus, en nous entraînant dans la chasse à l’ours, ou dans la vitesse des combat,ou peut être dans une description trop précise de la capitale d’Hokkaido... Golden Kamui nous a beaucoup donné. Qu’il y ait où non trésor à la clé c’est le voyage qui a compté.

En résumé

++Personnages de qualité

+Dessin

++Aventures

+Trame du début

+4x documentation

-Fin

-Histoire principale

7/10 (sans doute 8/10 sans la fin)

Hlor
7
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le 6 sept. 2023

Critique lue 79 fois

3 j'aime

Hlor

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