• Diable ! Les notables de Silver-Creek me supplient de leur envoyer quelqu'un pour rétablir l'ordre chez eux... Et... c'est vous ! Blueberry, qu'ils réclament. Qu'en dites-vous lieutenant ?

  • Je sais que je plais beaucoup sir... Mais il y a sûrement du Mac Clure là-dessous. Il adore m'attirer des ennuis ! N'empêche, je pars !

  • Non ! Je me méfie de vos méthodes Blueberry, je tiens à envoyer à Silver-Creek, un officier qui fasse honneur à mon régiment !

  • À part Marlowe et moi, il n'y a personne de disponible, sir... Et...

  • Justement, c'est le lieutenant Marlowe qui ira à Silver-Creek !

  • Mais il n'a aucune expérience ! Il sort tout droit de West Point et...

  • Et c'est précisément ce qui vous fait défaut à vous ! Rompez !



Jean-Michel Charlier et Jean Giraud, dit Moebius présentent avec L'homme à l'étoile d'argent, le sixième tome des aventures de Blueberry. Une aventure solo venant dénoter avec les autres numéros de la saga qui forment de longs arcs narratifs avec d'autres albums. Un arc de transition qui joue des codes cinématographiques du genre pour s'imprégner de certains titres cultes pour mieux les assemblées en une histoire distincte. Des références en veux-tu en voilà à commencer par l'écriture du scénario par Charlier qui s'inspire de l'intrigue de Rio Bravo d'Howard Hawks, jusqu'aux dessins de Moebius avec des hommages à John Wayne à travers les traits du shérif Harrison, jusqu'au visage de Charles Laughton via le juge. Une imprégnation poussée jusqu'à la couverture de l'album, calquée sur une image provenant de la couvrure du magazine mensuel Star-Ciné Bravoure du film '' Dos mil dolares por Coyote '' de Léon Klimovsky. On retrouve également des références à des personnages historiques comme avec Wild Bill Hicock. Fait amusant, la ville de Silver-Creek où se situe le centre de l'action est habitée par des gentlemans poltrons et couards, en particulier le maire et le conseil, qui n'hésitent pas à abandonner le shérif à une exécution certaine. Si le récit de L'homme à l'étoile d'argent n'avait pas commencé à sortir le 7 avril 1966 dans le numéro 337 de Pilote, on aurait pu imaginer un clin d'œil à L'homme des hautes plaines de Clint Eastwood sortie en 1973, soit bien plus tard que ce sixième tome des aventures de Blueberry. L'approche est si similaire qu'elle me laisse par amusement penser que c'est peut-être Eastwood qui s'est inspirée de cette bande-dessinée pour faire son western.


Envoyé par l'armée sous les conseils de Jim Mac Clure pour faire régner l'ordre en attendant qu'un nouveau Marshall fédéral soit désigné, le lieutenant Mike Blueberry quitte le Fort-Navajo pour se rendre à deux jours de cheval dans la petite ville isolée de la frontière '' Silver-Creek. '' Endossant l'insigne étoilé pour faire face à Sam Bass et son frère Buddy, dit Bud. Des truands de bas étage comme seuls les westerns savent en présenter, possédant les trois quarts des terres de la région et ayant pour objectifs de toutes les possédées. Peu importe les moyens employés pourvus que l'objectif soit atteint, à commencer par tout mettre sens dessus dessous avec la bande d'assassins les accompagnants, où se mettre dans la poche des gens hauts placés comme le juge ou encore Snuffy Joe, le gérant du bar. Impitoyables, ces rascals ont décidé de faire la loi à Silver-Creek, seulement Blueberry ne l'entend pas de cette oreille. Accompagné de ce bon vieux alcoolique Jim Mac Clure qui pour l'occasion devient shérif adjoint, ainsi que du jeune Dusty, une gâchette rapide ayant hérité des pistolets de son père abattu dans le dos par Bass et sa bande, du moins le suppose-t-il. Il pourra également compter sur l'institutrice Miss Katie Marsh qu'il traitera dans un premier temps avec machisme pour finalement reconnaître sa valeur. Une pléiade de nouveaux personnages intéressants qui viennent parfaitement agrémenter cette nouvelle aventure ! On pourra compter sur les têtes emblématiques de la licence : Mike Blueberry et Jim Mac Clure pour offrir du mordant à ce périple mouvementé avec un échange dramatique intéressant entre les deux hommes.


L'homme à l'étoile d'argent présente un récit prenant et haletant avec de nombreux chapitres sous tension comme lors de l'exécution du shérif Harrison sous les yeux colériques de Jim Mac Clure, la prise du bar '' Snuffy '' où Blueberry un derringer en main renverse une situation désespérante, l'invasion de Silver-Creek par les Bass, ou encore lors de la tentative de libération de Miss Katie Marsh avec un petit duel final sympathique entre Blueberry et Buddy. En parlant de final, même problématique rencontrée que dans le volume précédent : '' La Piste des Navajos '', avec une conclusion complètement bâclée venant en seulement quelques vignettes achever une intrigue encore loin d'être conclue. Une véritable problématique pour ce duo épique qui malgré la longueur de ce tome avec plus de 46 pages ne parvient pas à achever correctement cette histoire. Un problème à suivre ! L'intention dramatique tendue de l'arc '' Guerre Indienne '' qui encadre les 5 premiers tomes n'est plus, et cela ressent avec le glissement de quelques séquences humoristiques inattendues qui viennent alléger le tout comme avec le lieutenant '' Marlowe '', tout droit sortie de West Point, meilleur tireur au sabre ayant gagné la coupe de sa promotion qui lors d'une démonstration de tir va manquer d'abattre de peu son Colonel et ce pauvre Jim Mac Clure. Une légèreté beaucoup plus imprégnée se posant comme une première pour la licence. Le dessin de Moebius est bon avec des traits plus rugueux savamment accompagnés par une palette de couleurs ombragées qui convient parfaitement à l'action, favorisant une ambiance aventure pleine de vie et d'espièglerie avec peu de tueries malgré les nombreuses séquences de fusillades. Un Rio Bravo dans l'âme !



CONCLUSION :



L'homme à l'étoile d'argent en tant que sixième tome des aventures de Blueberry se pose comme un récit de transition servant de prétexte au duo emblématique Jean-Michel Charlier-Jean Giraud, dit Moebius qui se sert de cette aventure pour livrer de nombreux hommages aux westerns cinématographiques à commencer par Rio Bravo et Dos mil dolares por Coyote.


Une aventure sympathique pour une conclusion bâclée achevant ce périple distrayant sur une touche malheureusement négative.




  • Félicitations petit ! Hi, hi... On va fêter ça ! Mille putois ! Une étoile d'argent toute neuve, ça s'arrose !

  • Pas question ! Tu l'arroseras tout seul ! J'ai bien assez d'un pochard dans ma fine équipe.

  • M... Moi... Un pochard ?!!? Tu sais bien que c'est pour mes rhumatismes... Oooh... Mike !!!

  • Gosh ! Tu as dû souffrir de sacrées crises de rhumatismes, cette nuit. Hein ? Tu as vidé ta bouteille de potion.

  • Heu... Me rappelle pas ! Je dois être un peu somnambule !


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le 8 mars 2022

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