Une série B concise et efficace qui va droit au but sans abandonner les qualités du manga.

Un grand nombre de clients entrés dans l’âge adulte, voyant leur temps disponible et leur durée de vie restante s’effilocher, demande souvent des conseils sur des séries mangas courtes. Dans le domaine du manga, exceptées les histoires complètes ou les nouvelles du style gegika, peu de choix sont disponibles en purement distractif, étant donné qu’une série courte signifie souvent une série dont le succès était trop relatif pour que l’éditeur juge opportun de pousser l’auteur à la poursuivre. Cependant il y a parfois quelques exceptions. Ainsi cette Île infernale d’un inconnu, Yûsuke Ochiai…

Une nouvelle fois le confinement insulaire, motif récurrent dans la fiction d’aventures et particulièrement dans la productiuon nippone, est au cœur de l’intrigue. Sans perdre de temps on apprend que la peine de mort ayant été proscrite la justice japonaise envoie désormais les criminels endurcis dans une île, surnommée « l’Île infernale », où ils se débrouillent tranquillement entre psychopathes. Le héros, Mikoshiba, un colosse ombrageux à la belle chevelure et au visage assez gracieux malgré son air renfrogné, s’y retrouve expédié pour le meurtre de cinq personnes. Il semble qu’il en soit ravi car il cherchait précisément à y aller… pour retrouver quelqu’un. Amitié ? Soif de vengeance ?
Nous n’avons pas le temps de nous poser de trop de questions, ni nous, ni son faire-valoir, un petit truand volubile et peureux débarqué en même temps que lui… Ça cartonne assez rapidement dans tous les sens, les autochtones se dévoilant aussi féroces que prévu.

On découvrira bientôt une ville, une organisation ultra-hiérarchisée et sectaire, construite autour d’une figure féminine déifiée et de combats dans une arène (Mikoshiba n’y coupera pas, chic !), mais aussi de mystérieux scintifiques et des manipulations génétiques… Voilà un récit rythmé, construit autour de motifs familier mais qui finit par surprendre par la force de son intrigue et l’habilité de ses rouages. Certes il comporte sa dose d’invraisemblance et de naïveté politique, son final est un peu accéléré et décomplexé, mais tout de même ! Les récits de série B menés avec une telle concision et une telle efficacité sont rares. Car l’auteur boucle tout en trois tomes, là où d’autres auraient délayés pendant des plombes. OCHIAI Yûsuke balance toutes ses idées pour produire une intrigue haletante et inventive, alors qu’il aurait pu les économiser. Contrairement à beaucoup de séries courtes, celle-ci ne laisse pas un sentiment d’insatisfaction (rappelez-vous le final pourri de Blue Heaven par exemple, pour rester sur des séries de trois tomes !), tout au plus un léger sentiment de frustration devant la fin d’un plaisir. Une telle générosité ne peut être le fruit que d’un jeune auteur, pas encore rendu matois par l’expérience. Bravo et merci aux éditions Komikku d’avoir traduit ce titre.

Vlad Bapoum
aaapoumbapoum
8
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le 20 janv. 2014

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