Il fut un temps où la Maison des Idées méritait pareil sobriquet. Nous étions dans les sixties, Stan The Man et Jack The King redéfinissaient chaque semaine les limites de l'inventivité de leur type particulier d'histoire illustrée. C'était l'époque de l'arrivée de Spider-Man, de la création des Fantastic Four, du retour de Captain America et même, pour certains, de l'avènement du Mutant. L'air était électrique dans les bureaux New-Yorkais de Marvel : l'invention était le maître-mot. Rien n'était impossible pour peu que cela semble amusant. Un ennemi doté d'échasses robotiques pour Daredevil? Okay! Un repris de justice qui sait absorber par la peau les propriétés des substances qui ont le malheur de rentrer en contact avec lui grâce à l'ingestion d'un liquide Asgardien? Okay! Une meute toujours plus débile d'ennemis basés sur des animaux pour tenter de se défaire du tisseur? Cool! Puis, petit ) petit, le temps est passé laissant sur le carreau les créateurs d'antan. Leur riche héritage a été malaxé par des générations de créateurs pas toujours à la hauteur de la tâche. Ce qui nous amène finalement à poser le regard quelques instants sur La Guerre de l'Infini.

Petit rappel des épisodes précédents : Thanos a autrefois tenté de courtiser La Mort en devenant l'équivalent d'un dieu. Pour ce faire, il a utilisé l'un des McGuffins les plus puissants de l'univers Marvel… L'Infinity Gauntlet. Un poing doré dans lequel s'enchâssent six gemmes colorées dotées des pouvoirs cumulatifs des lois de leur réalité. Rongé par le doute le Titan Dément s'est bêtement laissé défaire par Adam Warlock et les héros de la terre venus défendre le tissu même de la réalité. Jusqu'ici, rien de grave, je viens de vous résumer l'arc narratif épousé par Marvel dans la série du Gant de l'Infini. (Je vous conseillerais de lire tout ceci en anglais; les traductions de comics sont rarement satisfaisantes ce qui explique la présence du terme "Gant de l'Infini" en lieu et place du plus martial "Gantelet de l'Infini").
Flash-forward. Nous sommes un an plus tard. La série que je viens de vous résumer s'est vendue par paquets. Dans son infinie sagacité la Compagnie des Idées décide d'en tirer une suite immédiate. Après tout, ils ont encore Jim Starlin sous contrat et la compagnie va mal. Faut agir. (Les années quatre-vingt-dix ont été très dures pour Marvel, ils ont failli devoir vendre à Michael Jackson; il voulait jouer Spider-Man). Ils oublient au passage ce qui a fait le succès de l'original - la nouveauté - et se passent du vétéran George Pérez. Ce qui nous laisse l'exécrable coup de crayon du très très nineties Ron Lim comme seul moyen de visualiser l'action. Or, il y en a énormément. Trop, peut-être, pour le petit cerveau du Californien. Et son style déjà caricatural pâtit de devoir fournir pareil effort.

Résumons le scénario : le Magus est la partie maléfique d'Adam Warlock et les actes posés par celui-ci durant les aventures du Infinity Gauntlet l'ont amené à exister de nouveau. Doté d'un nouveau look défoncé au stéroïdes - et pas du tout inspiré par Black Adam - il espère utiliser le pouvoir des cinq Cubes Cosmiques pour devenir Dieu. Simple, efficace, pas du tout la même chose que dans le précédent évènement. Écrivit-il d'un ton sarcastique en espérant que le lecteur s'en aperçoive. Son plan repose sur un artifice nul : envoyer des doubles maléfiques des héros Marvel faire diversion en les attaquant. (J'ignore précisément pourquoi mais les méchants de cet univers craignent toujours la force des justiciers locaux même quand ils ont le pouvoir de les annihiler par une simple pensée). Par chance, Adam Warlock a un plan très compliqué et sauve tout le monde. Comme d'hab.
Ce qui nous fait donc six comics reliés en Français pour 24€13. Des dessins hideux du tâcheron Ron Lim (X-Men 2099) au service d'un scénario acceptable mais peu original de Jim Starlin. Le tout dans une édition luxueuse mais un peu déplacée. Mon conseil est simple : évitez pareil ouvrage. Le style classique de George Pérez faisait chanter l'arc précédent de cette histoire devenue moribonde avant l'heure. Rien ici ne vous donnera envie de payer pour voir la même histoire être moins bien racontée.
MaSQuEdePuSTA
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Critique Cosmiques du MaSQuE.

Créée

le 26 avr. 2013

Critique lue 747 fois

3 j'aime

3 commentaires

Critique lue 747 fois

3
3

D'autres avis sur La Guerre de l'Infini

La Guerre de l'Infini
Romain_Bouvet
6

Sympathique mais loin du Gant de l'Infini

Le Gant de l’Infini est sans doute l’une des meilleures histoires cosmiques que l’on puisse lire chez Marvel. Et j’ai mis trop de temps à me lancer dedans. Hors du question, du coup, de laisser...

le 5 janv. 2017

1 j'aime

2

La Guerre de l'Infini
vive_le_ciné
6

Celui qui combat des monstres, Warlock, doit prendre garde à ne pas en devenir un lui-même.

Alors autant le premier acte était pas mal du tout, autant le second est d’un ennui. On tombe dans le travers classique de la surenchère, vouloir faire encore plus gros, encore plus spectaculaire. Le...

le 25 mai 2018

La Guerre de l'Infini
Sharnalk
7

Ah que de souvenirs !

Ah la guerre de l'infini ou tout simplement la guerre du pouvoir dans sa première traduction que de souvenirs. Il est évident que pour lecteur qui lit cette aventure pour la première fois 15 ans...

le 11 sept. 2013

Du même critique

Highlander
MaSQuEdePuSTA
8

"There can be only one."

On peut reprocher énormément de choses au film Highlander: d'avoir engendré les plus mauvaises suites de l'histoire de l'humanité, d'avoir permis la carrière d'Adrian Paul, d'avoir popularisé...

le 21 oct. 2010

47 j'aime

9