Quand Seuls tourne la manivelle de l’intrigue, mais cale en plein milieu du labyrinthe

Avec La Machine à démourir, Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti continuent leur saga Seuls, mais ce dixième tome, bien qu’intense par moments, donne parfois l’impression de pédaler dans le vide, comme un hamster coincé dans une roue d’intrigues en spirale.


L’histoire reprend avec les enfants piégés dans ce monde étrange et désertique, où la mort est omniprésente, et où la survie dépend autant de leur courage que de leur capacité à déjouer les mystères tordus qui les entourent. Cette fois, une étrange machine – la fameuse "machine à démourir" – entre en scène, promettant d’ajouter une couche de tension… mais l’engin semble un peu rouillé en termes d’impact narratif.


Les personnages, toujours attachants, continuent d’évoluer, mais certains d’entre eux semblent coincés dans des dynamiques un peu répétitives. Dodji reste le leader torturé, Yvan continue de jongler entre pragmatisme et panique, et Terry apporte une touche d’humour bienvenue, mais l’ensemble donne parfois l’impression que la série tourne en rond. La machine intrigue, certes, mais elle semble davantage un prétexte qu’un réel moteur narratif.


Visuellement, Bruno Gazzotti est toujours en pleine forme. Les décors sont saisissants, et l’atmosphère, à mi-chemin entre le fantastique et l’apocalyptique, reste captivante. Les moments d’action sont bien rythmés, et les expressions des personnages transmettent efficacement leurs émotions. Cependant, même le meilleur des graphismes ne peut tout à fait masquer les failles d’un scénario qui peine à avancer.


Narrativement, Fabien Vehlmann semble vouloir jouer sur l’ambiguïté et les non-dits, mais cette approche commence à perdre de son efficacité. Les révélations se font attendre, et les pistes semées ici et là semblent parfois plus confuses qu’excitantes. La tension monte par moments, mais elle retombe aussi vite, laissant le lecteur sur sa faim.


L’un des points faibles majeurs de ce tome est son rôle de "tome de transition". On sent que les auteurs préparent quelque chose de grand, mais ce tome semble surtout faire du surplace en attendant que les pièces du puzzle soient prêtes à s’emboîter. Ce qui aurait pu être un chapitre clé finit par ressembler à un interlude un peu trop long.


En résumé, La Machine à démourir n’est pas un mauvais tome, mais il manque de l’étincelle qui faisait des débuts de Seuls une série incontournable. Avec des personnages toujours sympathiques et un univers visuellement riche, ce tome garde un certain attrait, mais il souffre d’un manque de rythme et d’une intrigue qui stagne. Un épisode qui fait avancer la saga à petits pas, mais laisse le lecteur espérer que la machine redémarrera pleinement au prochain virage.

CinephageAiguise
6

Créée

le 9 janv. 2025

Critique lue 5 fois

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