étonnamment, je trouve l'ouvrage et sa thèse involontairement (?) réactionnaire :
oui, nous vivons une époque avec un degré de liberté individuelle jamais atteint
oui, cela est brusque à l’échelle de l’humanité,
oui, cela bouscule les humains qui sont des êtres fragiles et angoissés,
oui, ils doivent prendre des décisions importantes comme jamais auparavant,
oui, ils peuvent choisir leur partenaire de vie, leur lieu d’habitation, leur métier, et même en changer !
oui, ils tentent de réduire l’incertitude liée à ces prises de décision en rationalisant,
car oui, ils veulent être heureux et profiter de la vie
alors oui, ils confondent parfois profiter de la vie et passer un maximum de temps à faire la fête
hélas oui, ils ne sont sans doute pas si heureux que ce qu’ils tentent de faire croire avec leurs photos instagram
hélas oui, l’angoisse du mauvais choix a provoqué une extension du domaine marchand,
hélas oui, ce nouveau marché est inondé de charlatans vénaux et cupides, de « vendeurs de moi authentiques », « nutritionnistes health-care », « coachs en séduction garantie 100 % anti-déception amoureuse » et autres « prometteurs de beauté éternelle »
hélas oui, de nombreux humains sont victimes de ces duperies pseudo-scientifiques,
et oh grand oui, il faut informer et alerter sur ce sujet
qui en effet décuple le culte du paraître du petit homo sapiens fragile et si pathétique,
car non, pour soulager ses angoisses de mort, le petit homme ne peut plus compter sur les justifications théologiques (Catherine de Sienne) voire mythologiques (la fameuse Pyhtie de Delphes),
et oui, cela crée un vide existentiel dans lequel s’engouffre le matérialisme marchand
qui lui-même flatte le narcissisme immature du consommateur frénétique
en soins ésotériques à l’efficacité douteuse, en consultations pseudo-psy de gourous improvisés,
en conférences de positive attitude d’influenceurs bien nés.
alors oui, d’autres humains refusent cette course frénétique vers le n’importe quoi,
certains prônent la communauté décroissante ou le retour aux valeurs puritaines,
il en est même qui optent pour la servitude volontaire du modèle religieux obsolète,
car il favorise la sécurité au sein du groupe et fait décroitre l’incertitude du moi,
L'autrice semble espérer revenir à un temps où le collectif qui protège était plus fort que l'individualisme qui émancipe, mais dans aller dans ce sens n’est-ce pas tourner le dos au progrès en termes de santé, de technologie et de liberté ?
Et si on rogne sur les droits des individus faut-il aussi supprimer ceux acquis par les personnes issues des minorités ethniques et sexuelles ? Et sur l’émancipation de la femme et le concept global de société inclusive ?
alors tant pis pour les blaireaux qui se perdent sur narcisse-land, se vautrent dans l’ultra-consumérisme et se croient immortels...