La fille elle est trop énervante. Elle pique des crises pour n'importe quoi, elle fait sa princesse sans arrêt. Je veux pas croupir ici, il ne s'y passe jamais rien, on va aller crécher là-bas, je connais quelqu'un. Non viens on se barre, je fous le feu, traîne pas on n'a pas le temps. Oh, c'est bon là, non ?
Stop maintenant. Certes, le monde est trop petit pour elle, car elle a trop de vie qui coule dans les veines... Et puis nanani, nanana, ça recommence, mais arrête deux secondes de te prendre pour le nombril du monde, bordel !
Et son mec, il lui passe tout. Ses scandales, ses crises de nerf, ses embrouilles avec des patrons, des clients, des éditeurs. Avec le monde entier. Il prend sur lui. Ce n'est pas qu'il la comprend ou qu'il essaie de se mettre à sa place – pas possible. Alors c'est qu'il doit ressentir un truc irrationnel pour elle, quelque chose de trop charnel pour être dit avec des mots. L'amour, par exemple.
Sur ces entrefaites, ils vivent le truc. À fond. Un peu trop. Toujours trop.
Trop de bagarres, trop d'alcool, trop de vaisselle cassée, beaucoup trop de cigarettes. Trop de rose, trop de jaune, trop de bleu. Trop d'instantanés, trop de polaroïds, trop de pastel, trop de chaleur de l'été, trop d'espaces publicitaires, trop de vulgaire. Trop de film culte des années 80. Trop d'écrivain raté et de fan énamourée. Trop d'envie de maternité incontrôlable. Trop de névroses d'au moins deux fois son âge. Trop de « non, mais elle n'est pas folle vous savez, ce sont vos médicaments de merde qui la mettent dans cet état », HAHAHA.
Il faut être fou pur tomber amoureux d'une folle. Il le fait, ce con. On l'a (presque) tous fait. Il le fait mieux que nous. Plus intensément (c'est heureux). On a de l'empathie pour lui. Ça finit par très mal se passer. On la sent bien, l'amertume. Trop d'amertume, trop de romantisme Gini / Levi's 501 / Peugeot 205 Junior. Je déteste tellement ce film que je ne peux pas m'empêcher de le regarder quand il repasse ni vu, ni connu, sur une énième chaîne de la TNT (oh, TNT, je bénis ton nom et tes sacro-saintes multi-rediffusions, quand, dans la moiteur de l'été, je suis harnaché à mon canapé, face à toi et ventilo « puissance 2 », pour vaincre la nuit qui est chaude, qui est belle, qui est sauvage).