Après avoir amené au terme d'une trentaine de numéros, une guerre stellaire entre les corps de la volonté, les Green Lanterns et leurs adversaires qui manient l'énergie jaune de la peur et suivent Sinestro, Geoff Johns se rend compte qu'il est un peu en retard sur son planning. L'idée de Johns est simple : plein de corps avec plein de couleurs, qui chacune renvoie à une émotion.
On a tendance à oublier que l'idée de base est franchement limite et est une augmentation artificielle de protagonistes proposant de rivaliser avec la puissance réelle des Green Lanterns. On a d'une part une vraie surprise de voir l'univers des Green Lanterns s'élargir ainsi, une augmentation concrète et assez bien pensée. Mais dans le même temps cette pensée semble un peu artificielle et reposer trop sur un jeu prédéterminé de couleur.
Ce tome se décompose en deux grosses parties : les Alpha-Lanterns et les Red Lanterns. Cette dernière partie, vous l'aurez compris, souffre de sa vitesse d'exécution, donnant un petit sentiment d'urgence et de rapidité (surtout qu'Atrocitus vient d'être inventé juste avant). De plus ce n'est pas juste une couleur, mais l'annonce, dans le même temps, d'une puissance orange, l'arrivé des Témoins de Jéhovah que sont les Bleus et enfin le retour de l'amour violet (rose?). Bref, le lectorat français a tendance à confondre l'ordre de parution VF (d'Urban et non Panini) et VO. En France, Urban nous a gratifié d'un Blackest Night en premier, ce qui a fait que les lecteurs ont découvert les Corps stellaires par leurs aboutissement et non leur origine. Or, pris par leur origine, l'idée n'est pas franchement merveilleuse par moment. Cela ne veut pas dire que tout est à jeter mais qu'il y a un effet Power Rangers un peu facile et fade.
Dans le même temps, l'arc sur les Alpha-Lanterns est très bons, sans être doté d'un schéma habituel (introduction, péripétie, conclusion) mais offre un changement fondamental et déterminant pour l'avenir. L'idée est bonne, la forme est efficace.
Globalement jusqu'au combat contre Atrocitus, le cœur du tome reste le cœur des personnages. Ils sont bien exploités, en profondeur. Chacun a son moment fort, les personnages du corps des Green Lanterns n'agissant jamais de manière mécanique mais ayant de réelles personnalités.
On notera en particulier la relation Hal/Sinestro, particulièrement puissante dans ce tome.
Ce sixième tome a d'excellentes idées et amène un grand développement de la mythologie de Green Lantern. Mais dans le même temps, il souffre de sa vitesse d'exécution, d'un final un peu fade et facile, jouant sur les couleurs plus qu'autre chose et manquant d'un réel effet profond.
Un tome de transition qui dirige le lecteur vers Blackest Night.