Ladyboy vs Yakuzas, l'île du désespoir (Intégrale)

Temps de lecture : env. 4 min


Akata enrichi son nouveau label WTF?! avec le titre Ladyboy vs Yakuzas, l’île du désespoir, sous ce titre et label improbable le manga tient-il ses promesses d’être  
réellement What The Fuck ?


Synopsis :
Kôzô, Yakuza idiot mais prometteur, a eu l’intelligence de forniquer avec la femme et la fille de son patron. Excédé par la nouvelle, son boss décide de le transformer en Bimbo stéréotypée en bonnet XXL, avant de l’envoyer sur une île où l’attendent 100 pervers en slips…


En détails :
Avant même d’approfondir ce titre, il est important de comprendre que le manga se veut décalé et qu’il faut le prendre au centième degré. Car du recul, il en faudra pour l’apprécier et ne pas être choqué.


De par sa classification et son label, nous sommes en droit de nous attendre à un titre complètement fou, et autant le dire immédiatement, le pari est réussi. Dès le premier chapitre le ton est donné, le manga se veut incongru, déjanté et exubérant, que ce soit dans son propos ou dans le contenu. Les bases sont posées dès le début, le lecteur découvre en même temps que notre protagoniste, le triste sort que son patron lui a réservé, ainsi que l’explication d’une telle punition. Totalement transformé en femme, Kôzô devra survivre en mini short et talons aiguilles sur une île perdue, où 100 pervers chauds bouillants l’attendent depuis plusieurs mois. Il devient immédiatement la cible à violer à tout prix pour que ces dégénérés de l’entrejambe puissent s’échapper de l’île. Ne le cachons pas, Ladyboy vs Yakuzas est un nouveau « survival game », bien que celui-ci soit totalement barré. Kôzô subira les pires épreuves physiques, physiologiques et morales. Le patron, frustré depuis des années par sa femme, regorgera d’initiative et d’inventivité pour arriver à
son but.


Ne cherchez pas un quelconque message utopique, l’auteur souhaite uniquement se lâcher, et ce sans aucune limite ! Exercice parfaitement réussi car l’éditeur Akata a dû filmer deux volumes à cause de son contenu. Le scénario est improbable et atypique, tout en étant une excellente idée pour ce type d’histoire. Elle réussit à donner aux lecteurs assez de rebondissement pour garder « le trip » jusqu’au bout. Ladyboy vs Yakuzas est jouissif à son possible. La narration et les situations sont drôles, et le premier volume déconcerte totalement le lecteur qui n’a jamais lu un manga aussi félé. L’oeuvre est un pur divertissement à prendre avec beaucoup de recul et d’humour.


D’ailleurs il sera important de garder ce point à l’esprit tout au long de la série, car ce sentiment est surtout partagé au début du récit. Rapidement Ladyboy semble se tourner vers une histoire de viol collectif tout en dégageant une ambiance sexiste, ou encore il peut être assimilé à une ode à la perversité, et ce n’est pas tout à fait faux, bien que ce raisonnement soit réducteur. Les volumes suivants abordent beaucoup de sujets borderline, ils rendent vite le lecteur mal à l’aise et s’enfoncent petit à petit dans des situations aux goûts discutables et morbides. Le contenu est par moments extrêmement choquant et dérangeant. Les personnages se violent entre eux sans retenue, la cruauté est souvent gratuite et très poussée. Kôzô devra faire des choix entre se faire violer ou ... se faire violer…. La chasse au viol permanente devient malsaine, et la diversité des pervers n’aide pas. Rassemblant toute la misère humaine, passant du simple voyeur voleur de culottes, au délinquant sexuel, jusqu’au pédophile dégueulasse, l’auteur n’est pas en manque d’inspiration dans ce domaine là. Cela est certainement dû à son expérience personnelle dans les reportages scabreux. Malgré tout, il fait des efforts pour humaniser bon nombre de personnages en décrivant leur passé, mais souvent peu intéressant. Le manga risque de laisser chez certains un goût doux-amer et pourra créer un gros sentiment de malaise voire de dégoût. Toutefois rappelons que l’histoire de départ est surréaliste et qu’il ne faut pas oublier que nous sommes dans un décalage permanent. Mais il est regrettable que l’auteur aborde par moments certains sujets de façon trop sérieuse, créant ainsi ce décalage entre l’image et le propos. Il est d’ailleurs intéressant de constater les limites que le lecteur est prêt à tolérer sous le couvert de l’humour.


À noter que le langage est naturellement adapté, à savoir sans retenue, vulgaire et graveleux, l’auteur appelle un chat, un chat ! Le tout étant confirmé par le niveau d’intelligence moyen des personnages frôlant le zéro absolu et souvent réduit à l’état d’animaux répondant à leurs pulsions primaires. Visuellement c’est très cru, sans limite, affichant de nombreuses paires de seins et autres parties génitales (qui sont pixélisées). De ce fait évitons de le confier aux plus jeunes.


Dessin :
Graphiquement le dessin se veut caricatural au possible, ce qui est bien naturel vu le thème. La représentation des personnages est exagérée et stéréotypée. Veines explosant de sang, regards lubriques au possible, expressions exagérées, pervers répugnants, Yakuzas balafrés, le dessin colle parfaitement au ton de la série. Le trait est fin et soigné, le tout accentué de nombreuses trames pour donner des effets de reliefs. Une oeuvre moderne réalisée numériquement.


Édition :
Le label WTF?! des éditions Akata frappe très fort et celui-ci permet au lecteur de rapidement catégoriser ce titre. Cette édition de très bonne qualité dans un format standard (env. 13x18 cm) ne sort pas du lot mais propose un papier de qualité et une bonne impression. Seul reproche, pas de pages couleurs, ni de dossier sur l’auteur pour mieux connaître ses oeuvres sur ses 20 ans de carrière. Toutefois deux postfaces et une interview sont présentes.


Conclusion :
Trash, vulgaire, dérangeant et déjanté, sont les mots qui pourraient qualifier LadyBoy. L’oeuvre est un tel OVNI qu’il divisera clairement son public, mais il n’en reste pas moins autant jouissif que perturbant. Rares sont les mangas sans limite et il serait réducteur de s'arrêter au sexisme qu’il dégage. Bien qu’il soit choquant, au final l’auteur n’a fait que rassembler toute la perversité humaine sur une île avec un postulat tellement décalé qu’il mettra à vif le second degré d’un grand nombre de personnes.


Informations techniques :
Copyright : ZETSUBOU NO HANTOU -100NIN NO BRIEF OTOKO vs 1RI NO KAIZO GAL © Sakurai Toshifumi 2013 / FUTABASHA PUBLISHERS LTD., Tokyo
Fiche éditeur : http://www.akata.fr/publications/ladyboy-vs-yakuzas-t1
Auteur : Toshifumi SAKURAI
Réalisation : 2013 à 2015 en 5 volumes d'environ 190 pages
Format : env. 13 x 18 cm
Date du publication en France : entre 2015 et 2016
Editeur Français: Akata


Mangas achetés par Darkjuju

darkjuju
4
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Créée

le 18 sept. 2016

Critique lue 887 fois

darkjuju

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