Le Maître d'armes
7.4
Le Maître d'armes

BD franco-belge de Xavier Dorison et Joël Parnotte (2015)

L'épée jadis, la rapière tantôt...

Récit en seul tome, le maître d'arme m'a été chaudement conseillé par mon libraire habituel. Un conseil de valeur, assurément, que je ne regrette pas le moins du monde.


La couverture donne le ton de ce que le lecteur va pouvoir savourer durant 96 pages, juste du talent à l'état pur ! Les crayonnés du formidable J. Parnotte évoquent tout ce qui est nécessaire dans un récit sis entre la fin du Moyen-âge et l'avènement de l'histoire dite moderne avec le flamboiement de la Renaissance. L'encre de son pinceau va évoquer des hommes engagés dans leurs croyances séculaires, des mœurs rudes au cœur des provinces du Royaume de France, des bois dégarnis à peines perceptibles sous l'ondée hivernale ou dans la brume, des valeurs universelles qui tentent de surmonter les obscurantismes pas encore passés...
Certaines cases ou pleines pages semblent tout bonnement divines et la grâce s'est certainement posée sur la main de ce fabuleux illustrateur. Les combats à l'arme blanche qu'il dépeint sont rudes, impitoyables et pétris de réalisme. Ceux de l'esprit le sont tout autant dans un scénario de la plus belle eau.


Car si le dessin ravit les yeux du lecteur éberlué par cet encrage, l'histoire trouve son ancrage dans un moment de l'Histoire où tout semble basculer : la découverte du nouveau monde, l'invention de l'imprimerie, la résurgence de Bibles forts anciennes (suite à la prise de Constantinople par les sarrasins), non encore corrompues par des siècles de traductions approximatives...
C'est de là que naît la Réforme qui va bouleverser la carte de l'Europe au niveau de sa foi. Que de sang et de conflits... d'intérêts souvent. Cette petite histoire, lourde de sens, s'inscrit dans la plus grande, et cette résonance donne au récit un souffle historique que l'on ne trouve pas si souvent au sein du neuvième art.
La seule (minuscule) réserve que l'on pourrait opposer à la perfection de cet ouvrage réside peut-être dans la surhumaine résistance du principal protagoniste aux difficultés. A moins que la foi...


C'est ainsi qu'au terme de bien des avanies, il devient permis à un plus grand nombre d'européens de commencer à penser (un peu) différemment. Après des éons de ténèbres, l'esprit débute alors un bien long chemin vers la lumière...


Sans devenir ma bible de chevet, ce magnifique ouvrage illustré m'aura enchanté par sa beauté et sa rudesse. Oserez-vous à votre tour vous immerger dans cette ère de changements ?

Apostille
9
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le 18 oct. 2015

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