Amatrice des histoires d'aventures sur mers et océans, c'est la couverture qui a attiré mon regard sur ce roman graphique. Beaucoup de douceur et de nostalgie sur ces couleurs un peu effacées...et la surprise en ouvrant le livre de ne trouver aucune de ces belles couleurs à l'intérieur. Choix original du dessinateur, Stefano Turconi, qui propose un trait délicat à la mine de plomb. Encore un dessinateur qui travaille chez Disney et qui propose des personnages et décors tout aussi doux. En parcourant ces pages on se sent privilégié parce que ces traits si proches de ceux d'un story-board en préparation nous laisse finir le travail avec notre propre imagination. On nous raconte une très belle histoire...mais en murmurant. L'attention portée sur les visages, expressions et surtout regards est vraiment hors du commun.


Je parle de roman graphique, mais l'auteur, Teresa Radice, nous présente un "opéra graphique" en 4 actes. J'ai retrouvé là une idée qui m'avait déjà plu dans mon bien aimé "De cape et de crocs", découpage qui promet une narration de qualité, des épisodes d'une longueur toujours adaptée et qui tient le lecteur jusqu'au bout. Très difficile de faire une pause dans la lecture si ce n'est pour rester pantois devant les paysages. L'histoire est bien racontée, alternant la voix-off, l'accès à la pensée des personnages, les dialogues...tout est bien pensé, et intégré dans une mise en page excellente.
Les références littéraires à de grands auteurs anglais comme Blake, Byron ou Stevenson sont omniprésentes et accompagnent le héros dans sa quête initiatique.


Je viens de parler de l'originalité de la forme, il faut maintenant parler de l'originalité du fond. L'histoire commence en 1807 lorsque un marin trouve un jeune homme naufragé sur une plage. Ne se souvenant de rien d'autre que de son nom, Abel. Ramené en Angleterre à bord du H.M.S Explorer il essaye de comprendre qui il est, d'autant plus que très rapidement il commence à comprendre que les autres le connaissent mieux qu'il ne se connaît lui-même.
Les personnages sont attachants, émouvants, chacun a son passé plus ou moins triste et est hanté par ses propres souvenirs, ceux qui manquent cruellement à Abel. Il y a les coupables, les innocents, les drôles, les effrayants, et suivant la page à laquelle vous vous trouvez les rôles changent, en fonction de l'interlocuteur qu'ils ont en face d'eux. Une esquisse réaliste de nos relations et de nos sentiments.


Je ne trouve pas de défauts à ce chef d'oeuvre...très souvent dans les librairies françaises on met en avant les comics américain et la sacro-sainte bande dessinée franco-belge (dont je ne remets pas en question la qualité), mais cette perle italienne nous prouve que que nous y gagnerions beaucoup à pointer notre longue-vue dans d'autres directions.

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le 15 août 2016

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Mawelle

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