Le conte est bon

Blanche-Neige organise l’installation d’un immeuble à New York, tandis que Le Grand Méchant Loup s’occupe de la sécurité. Entre autres tâches, la princesse gère les problèmes de couple de la Belle et la Bête pendant que Jack du haricot magique n’en fait qu’à sa tête. Bienvenus aux Fables, les êtres des contes et légendes qui ont fui l’Ennemi et se sont réfugiés dans le monde des communs. Mais chacun s’adapte diversement…

La critique couvre la série principale.

Il était une fois Bill Willingham, un scénariste de comics. Un jour, il a eu une idée originale. Et si les personnages des contes de notre enfance se retrouvaient dans notre monde ? Bill Willingham a réfléchi à cette idée et l’inspiration est venue. Beaucoup d’inspiration. Énormément d’inspiration. La série principale a couru pendant 20 ans, sans compter les spins off sur certains personnages. Bien sûr les dessinateurs se sont succédé. Lan Medina a reçu un prix pour sa participation à cette série pendant plus de 10 ans. Mark Buckingham a travaillé sur Fables de sa création jusqu’à sa conclusion. Ainsi que d’autres…

La série regorge évidemment d’humour en jouant sur ces personnages irréalistes et contradictoires. Mais, par un fabuleux (ha ha!) effort de cohésion, Bill Willingham arrive à mélanger les héros de différentes histoires, à les faire cohabiter et, surtout, à les faire évoluer. Loin d’être naïve, l’histoire est au contraire plutôt fine en prêtant à tous les protagonistes une psychologie et un vécu ainsi que leur lot de traumatismes. À partir de là, Bill Willingham possède une manne scénaristique immense et l’exploite dans les moindres détails. Histoires d’amour, de guerre, trahisons, anecdotes, univers parallèles, méchants très méchants, alliés improbables ou factices, l’écrivain explore toutes les possibilités de son monde, et elles sont nombreuses. Le dessin réaliste et parfois vieillot est assez agréable à suivre, mais ce sont bien les personnages qui sont attachants. Les héros se succèdent avec leurs joies et leurs déboires, et c’est tout un monde qu’on se prend à aimer.

Par ailleurs, les méchants sont vraiment très bien trouvés. Ce ne sont pas forcément ceux des fables, mais d’autres, bien plus réalistes, dont la palme revient à Geppeto. L’idée d’élever des personnages secondaires à de tels niveaux d’importance est proprement géniale.

Le seul bémol provient justement de la richesse du scénario. Les histoires s’entrecroisent tant et si bien (en mêlant les spin-off, faut bien vendre) qu’on s’y perd. Qu’importe, Fables est une saga magnifique qui permet de rêver pendant un long moment et, à l’instar de ses auteurs, on quitte ce monde à regret…