Masasumi Kakizaki, de retour chez Ki-oon avec une adaptation d’un film de Kiyoshi Kurosawa ? C’est le deal proposé par Les amants sacrifiés. Avertissement préalable : n’ayant plus de souvenirs du film, il ne sera pas question de comparer les 2 œuvres.
Le manga nous plonge dans les années 1940 tout en entrecoupant l’intrigue d’images d’archives et d’informations sur l’époque, notamment la montée des frictions avec les États-Unis. De quoi s’immerger un peu plus dans une période de l’histoire où il ne faisait pas bon être soupçonné de trahison. C’est pourtant ce qui attend le duo principal du récit qui se trouve en possession d’informations inconfortables pour les autorités japonaises mais qu’il faudrait diffuser largement pour que le monde réalise ce qui se passe du côté de la Mandchourie (il ne sera pas question d’opium ici).
Il sera donc question d’un dilemme moral qui trouverait sans peine sa place parmi tous ceux que les philosophes ont pu élaborer : faut-il révéler une information au risque de sacrifier son couple ou préserver ce dernier à tout prix ? J’entends déjà utilitaristes, rawlsiens et autres débattre de la solution à adopter. S’il y en a une… Le titre choisi donne du reste déjà une indication sur le choix qui sera fait.
Au-delà de cette question je ne suis pas sûr que le manga ait autre chose à proposer. Certes on peut apprécier le coup de crayon de M. Kakizaki, son découpage tout en formes rectangulaires qui fait écho à la forme cinématographique du récit qu’il adapte. Mais comme pour Frankenstein de J. Ito, je trouve M. Kakizaki plus « sage » que dans ses autres productions. Certes le récit ne se prête pas vraiment à des envolées graphiques et le rendu visuel reste remarquable avec un déroulé qui rend bien le côté implacable de l’administration japonaise, prompte à arrêter le moindre orteil qui dépasse.
Il reste donc un goût d’inachevé en terminant ces tomes. Surtout qu’il n’y a pas de postface de l’auteur, le tout est mené en 7 chapitres dont je comprends mal pourquoi ils sont parus en 2 volumes au Japon (et donc en France).