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Les Cités Obscures – Splendeur architecturale, récit brumeux

Lire Les Cités Obscures, c’est un peu comme visiter un musée dont on ne comprend pas toujours le plan. J’ai aimé explorer cet univers, m’y perdre, m’arrêter sur une façade, un dôme, un escalier impossible. Le travail graphique est somptueux : François Schuiten a l’œil d’un architecte et la main d’un poète. Chaque planche semble pensée comme une maquette utopique ; chaque cité respire une logique propre, entre rêve et déraison. C’est beau, fascinant, parfois même hypnotique.


Mais au-delà de la beauté, j’ai souvent eu le sentiment de marcher sans boussole. Le scénario, souvent elliptique, reste en retrait, presque secondaire. J’avoue ne pas avoir tout compris, ou plutôt ne pas avoir toujours trouvé le fil conducteur qui donnerait un sens à cette succession de merveilles graphiques. Le dessin dépasse largement l’histoire, qui finit par sembler prétexte. Dans le genre délire architectural et monde labyrinthique, j’ai trouvé un Blame! de Nihei plus cohérent et plus prenant : même vertige visuel, mais une narration plus sensorielle, plus organique.


Je dois en revanche souligner la qualité de l’édition : grand format, impression soignée, reliure solide, tout respire le respect du matériau original. C’est une très belle pièce à posséder, surtout pour les amateurs de livres-objets.


En revanche, les passages purement littéraires, ces textes intercalés entre les récits dessinés, m’ont sorti de la lecture. J’en comprends l’intention — étendre l’univers par le verbe, lui donner une mythologie interne —, mais dans une bande dessinée, ils cassent le rythme et l’immersion. J’aurais préféré rester dans l’image, dans cette narration silencieuse que Schuiten maîtrise si bien.


Une œuvre impressionnante mais inégale, dont la beauté architecturale l’emporte sur la clarté du propos. Les Cités Obscures est un monde à visiter plus qu’une histoire à suivre : une promenade somptueuse dans l’imaginaire, parfois déroutante, parfois frustrante, mais toujours singulière.

Créée

le 11 oct. 2025

Critique lue 12 fois

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