Je me disais aussi : ce trait si fin, si expressif, presque torturé mais cinglant quand même, cette souplesse des formes, cette grâce des postures... ça me rappelait quelque chose. Il m'a fallu attendre la dernière page et la liste des œuvres de l'auteur pour retrouver où j'avais déjà ressenti cette sorte d'émerveillement : dans Racket, petit chef d’œuvre méconnu et muet griffonné sur un Moleskine à storyboard. L'histoire d'une petite fille qui se fait chiper son portable. Rien à voir avec le présent délire artistique, bien que foisonnant et magistral lui aussi, qui explore l'univers idéal du musée d'Orsay. Enfin, idéal pour ceux qui, comme moi, vénèrent les dessinateurs et les peintres magistraux, y compris ceux qu'on a parfois qualifiés de pompiers, non sans un certain dédain. L'auteur se délecte ici à animer à la fois les créateurs et leurs créatures à la faveur d'une enquête barrée sur la disparition des muses des toiles d'Orsay. Une fois le postulat de départ avalé, il n'y a plus qu'à se laisser porter pour croiser Toulouse-Lautrec, Bouguereau et consorts. Une sorte de trip artistique hautement recommandable peut alors commencer. J'ai hâte de reprendre mon billet pour le prochain tour !