Les Filles de Salem : Comment nous avons condamné nos enfants par Lou Knox

En Nouvelle-Angleterre, au 17e siècle, Abigail Hobbs a 13 ans et découvre la culpabilité d'être une fille. D'être responsable du désir qu'elle suscite chez les garçons et de l'effet boule de neige qui provoquera le grand procès fatal aux femmes qui ont osé se rebeller contre l'autorité divine (et masculine surtout).


Les filles de Salem est un roman graphique dur, violent, à l'illustration dense. Elle fourmille de détails, ajoutant à l'ambiance cette teinte particulière propre à la Nouvelle-Angleterre qui me fascine tant dans la littérature américaine.


Il permet surtout de se rendre compte des conditions dans lesquelles ont fini certaines femmes, de la violence avec laquelle elles ont été au mieux rejetées au pire pendues, par simple dénonciation, suspicion, besoin d'exprimer une liberté propre à n'importe quel humain.


Thomas Gilbert s'inspire de ce fait réel en l'interprétant librement et rend ainsi hommage aux femmes persécutées et jugées qui ont donné à Salem cette image qu'on lui connaît aujourd'hui. Mention spéciale à Tituba (dont je te conseille le récit fictif de Maryse Condé, une vraie pépite).


Côté références, j'y ai retrouvé le même dégout ressenti envers le révérend que celui de Brimstone (campé par un Guy Pearce toujours aussi efficace), pour le reste, l'histoire d'Abigail n'est pas sans rappeler l'histoire de Thomasin, cette jeune adolescente qui vit dans une communauté pieuse de colons et qu'on accuse de sorcellerie au sein même de sa famille, jouée par Ana-Taylor Joy (The Witch, de Robert Eggers).


On suffoque, on s'offusque, on s'indigne et puis on se rappelle à quel point tomber dans une chasse aux sorcières peut-être facile et combien elles évoluent également au fil du temps. Ce roman graphique rend la bêtise des hommes coupable et possède de nombreux arguments historiques fondés pour en convaincre les plus sceptiques.Même si je ne suis pas fan du graphisme, l'histoire m'a vraiment plu, malgré ce sale gout de cendrier collé sur le palais.


Vous voilà prévenu.es, mais allez-y pour vrai.

LouKnox
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le 4 juil. 2022

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Lou Knox

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