J'ai été nourri au lait de Strange : les plus vieux d'entre nous comprendront..
Alternant donc dans mes jeunes années la fréquentation de Spiderman et de Baudelaire, de Daredevil et de Nietzsche, ma culture s'est forgée de manière disons... éclectique.


Mais les comics, avant les délires insipides nés des multiverses, ont longtemps joué une part dans mon mythos personnel.


Jusqu'au jour où, il y a déjà longtemps, se pointe dans mon imaginaire un super-héros pas comme les autres : Hellboy !


AAAAHHH, HELLBOY !


Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Hellboy, c'est :
- Tarzan
- James Bond
- la créature de Frankenstein
- Hamlet
- Pinocchio
- Conan
- Jésus
- Mowgli
- le roi Arthur
- Mohammed Ali
- Che Guevara
réunis dans un seul et ô combien unique personnage !!!


HELLBOY, SA VIE, SES MORTS, SON OEUVRE


Hellboy, conçu aux alentours du 17ème siècle des amours entre une sorcière et un démon,
nait de fait en 1945 de l'ère terrienne, où il déboule bébé dans une boule de feu sous les yeux de GIs médusés.


Adopté par le professeur Bruttenholm, patron du B.P.R.D, (Bureau of Paranormal Defense and Research), il grandira complexé par ses origines et sa monstruosité (peau rouge, sabots, queue, main de pierre et cornes à limer chaque jour comme on se brosse les dents...) avant de devenir un agent d'élite du Bureau dans la lutte contre le Mal et d'obtenir le titre d'Humain Honoraire par l'ONU (joli concept...).


Entretemps, on lui aura révélé qu'il est en fait Anung Un Rama, la Bête de l'Apocalypse, par qui la fin des temps adviendra.


Oui, mais Hellboy, ce qu'il aime, c'est les pancakes, les cigares, les amis, et les bonnes bastons contre les goules, les fantômes, les zombies, les loup-garous, les vampires et les démons...


Hellboy est-il con ?


Non : il tient simplement plus à son humanité héritée (son acquis) plus qu'à ses origines infernales (son inné) et a un sens aigu de la loyauté et de l'intégrité.


Mais l'intégrité a son prix : Hellboy va donc souffrir, déchoir, aimer (sans espoir), mourir (2 fois !)


avant de retourner chez lui, en enfer, où il fera la peau à Satan himself, après en avoir dézingué ou chassé tous les démons...


parce que Hellboy, il est comme ça : c'est un bosseur !


Entretemps, il aura aidé d'autres monstres comme lui à découvrir leur part d'humanité...


HELLBOY, FUCK OFF FATUM


Hellboy, c'est d'abord un héros haut en couleurs créé par Mike Mignola, illustrateur de génie mais aussi scénariste atypique.


Nourri de culture "pulp", Mignola a fait de Hellboy un "working-class hero" extrêmement attachant.


Hellboy, c'est un prolo de la lutte contre le Mal. Il a un job qu'il aime, et il le fait du mieux qu'il peut, même quand c'est compliqué.


Hellboy a toujours de l'empathie, envers ses alliés comme avec ses ennemis, parce qu'il sait d'où il vient (et que ça aussi, c'est compliqué...) et parce qu'il pisse sur la fatalité.


Car pour Hellboy, une seule chose compte : le libre-arbitre, pour lui comme pour tous. Et c'est pour ça qu'on l'aime.


Au fil de ses aventures, Hellboy n'aura de cesse de lutter contre la destinée qu'on veut lui imposer pour choisir sa propre voie, pourtant laborieuse et pas bien originale.


A l'issue, nulle gloire. Mais simplement la fidélité à soi-même et à ses principes.


HELLBOY, BRUTE SUBTILE :


Comme tout bon américain old-fashioned, Hellboy fait peu de confidences. Et pourtant, ça cogite dur dans son crâne cornu.
Mais Mignola maitrise parfaitement la distance narrative - appelons ça subtilité - et est capable de nous offrir dans une vignette, une expression, un regard, une bulle toute l'émotion brute qu'un long discours ne saurait produire.


Résumons : look improbable, destin hors nomes, énaurmes bagarres, identification totale et une pincée d'intelligence : quel effarant cocktail et que demander de plus ?


HELLBOY, FUCK'EM ALL !


Auteur de comics indépendant, Mignola a toujours gardé le contrôle total de ses créations et la cohérence de son univers.


Après 20 ans (déjà !) d'aventures, Hellboy reste donc LA référence ultime des super-héros, bien loin devant les franchises de DC et de Marvel, qui de sauts quantiques entre réalités alternatives, creative teams diversement inspirées, et stratégies marketing hasardeuses ont perdu leurs âmes et leurs raisons d'être.


Pardon Spidey, DD, Batman, Cap et tant d'autres icônes, mais faites donc comme Logan : calanchez une bonne fois pour toutes, please. Votre ADN est corrompu depuis trop longtemps, quand celui de Hellboy reste intact.


WELCOME IN THE HELLBOYVERSE !


Pour vous qui découvrez Seeds of Destruction, sachez que vous allez vous régaler d'un récit où Shelley, Lovecraft et Howard passent en fantômes bienveillants.


Mais sachez surtout que si vous accrochez, vous mettez les pieds dans un univers foisonnant où la saga d'Hellboy et celles de ses amis (BPRD) comme celles de ses héros d'enfance (Lobster Johnson et Witchfinder) vont se déployer pour tisser un univers d'une grande complexité et d'une intense richesse, toujours cohérentes, invariablement spectaculaires, souvent émouvantes... où les monstres, les démons et les déviants vous parleront, bastons et sortilèges mis à part, d'un truc un peu oublié : qu'est-ce qu'être humain ?


Enjoy, je vous envie.

Hervé_Pépin
9
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le 25 mars 2017

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Marv Eden

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